Certes, l’humanité n’a jamais détecté à ce jour de signal émanant de petites créatures vertes à sept pattes et cinq yeux, ou d’aliens bossus à trois bras et neuf orteils issus des confins de notre galaxie. Mais cela n’empêche pas les Terriens de continuer à traquer ces traces de vie ailleurs que sur la planète bleue, ni de se poser mille questions sur les conséquences d’une éventuelle communication avec une intelligence lointaine. Si un message était un jour perçu, faudrait-il l’annoncer ? Qui devrait s’en charger ? Faudrait-il y répondre ? Là encore, qui s’en chargerait et comment ? Quel impact pour l’humanité de ne plus se savoir seule dans l’Univers ?
Elaborer un protocole mondial de réaction
Ce sont ces interrogations proprement existentielles qui animent les membres du UK SETI Research Network, un réseau de chercheurs britanniques qui concentrent leurs efforts sur la quête d’une intelligence extraterrestre (en anglais, Search for Extra Terrestrial Intelligence ou SETI). Bien décidés à faire cogiter aussi le public, ils lancent le 1er juillet 2019 un sondage en ligne à l’occasion d’une semaine de la science organisée par la Royal Society de Londres, l’équivalent de l’Académie des sciences hexagonale. Ce court questionnaire, en anglais mais accessible à qui possède quelques rudiments de la langue de Shakespeare, a pour but de prendre le pouls de l’opinion sur ces thématiques afin de guider ensuite la rédaction d’un protocole mondial en cas de réception d’un petit mot d’E.T. « Il n’existe aucune procédure en droit international sur comment répondre à un signal provenant d’aliens, a expliqué au Guardian Martin Dominik, astronome à l’université St Andrews et membre du UK SETI Research Network. Nous voulons recueillir les points de vue des gens. Car les conséquences n’affecteraient pas que les scientifiques. »
Comment, à l’heure des fake news et des réseaux sociaux, informer au mieux la population ? Si la communauté internationale ne se dote pas d’une marche à suivre, alors un État ou une initiative privée décideront-ils peut-être d’envoyer un signal sans demander l’avis aux autres. L’humanité n’aura alors qu’à espérer que la teneur de ce message ne sera pas belliqueuse, ou interprétée comme telle.
Un million d’étoiles bientôt écoutées
Contrairement à ce qu’ont pu avancer certains astronomes bien audacieux, aucun signe de vie n’est donc encore venu de l’espace. C’est la conclusion, présentée mi-juin, des chercheurs du Breakthrough Listen Project, lancé en 2015 par (entre autres) Stephen Hawking. Pendant trois ans, des scientifiques ont braqué leurs puissants télescopes vers 1327 étoiles dans un rayon de 160 années-lumière autour de la Terre. Et… rien. Ils vont désormais poursuivre leur quête de « technosignatures », ainsi que l’on nomme les éventuelles traces de vie extraterrestre, en scrutant un million d’étoiles voisines du Soleil, ainsi que des étoiles situées dans le centre de la Galaxie.
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L’humanité, elle, cherche assurément le contact. Depuis 1974 et l’envoi du premier message à destination des extraterrestres, les hommes procèdent à des émissions constantes de signaux radio vers l’espace. Il est même prévu, dans les mois qui viennent, d’encoder le tableau périodique des éléments de Mendeleïev, au cas où, quelque part dans le lointain, une autre civilisation saurait le décrypter.