Des chercheurs ont mis en évidence les stigmates de ce qui pourrait être un supervolcan martien.
Jamais encore un tel monstre magmatique, capable de bouleverser le climat d'une planète, n'avait été identifié sur la planète rouge. Mais l'étude reste spéculative...
La région d'Arabia Terra, dans l'hémisphère Nord, n'avait jamais été cataloguée comme volcanique. C'est une zone criblée de cratères.
Les scientifiques estiment donc qu'elle est très ancienne et qu'elle date du Noachien (entre 4,5 et 3,8 milliards d'années). Pourtant, quelques-uns de ces cratères ne cadrent pas avec les milliers d'autres aux alentours.
Un intrus parmi les cratères
Grâce à des images et des données topographiques recueillies par les sondes Mars Global Surveyor, Mars Odyssey, Mars Reconnaissance Orbiter et Mars Express, Joseph Michalski, du Planetary Science Institute, et Jacob Bleacher, du centre spatial Goddard de la Nasa, ont analysé dans le détail l'un de ces « intrus », Eden Patera (85x55 km).
Et ils ont remarqué qu'il ne présentait pas les caractéristiques classiques d'un cratère d'impact. Hauts remparts, pic central et matériaux éjectés lors du choc manquent en effet à l'appel.
Une caldeira plutôt qu'un cratère
En revanche, Eden Patera a tout d'une caldeira, c'est-à-dire une structure circulaire creusée, résultat de l'effondrement d'un cône volcanique sur lui-même après une gigantesque explosion. Pour eux, les écoulements pyroclastiques issus de l'explosion ont probablement formé les structures découpées et accidentées que l'on trouve tout autour de l'équateur martien.
Une éruption cataclysmique
Si Eden Patera est effectivement le reste d'un volcan, ce que l'équipe doit confirmer par plus d'observations, ce serait l'une des plus grosses, si ce n'est la plus grosse éruption volcanique que la planète Mars ait jamais connue. Elle aurait éjecté des milliards de tonnes de matériau sur des milliers de kilomètres à la ronde. Disséminées dans l'atmosphère, les innombrables poussières auraient été en mesure de bouleverser profondément le climat de l'époque.
D'autres hypothèses possibles
Mais l'hypothèse est loin d'être confirmée : « C'est un travail sérieux mais d'une part, cela a déjà été étudié d'après des données de Viking (ce que les auteurs semblent avoir oublié), et d'autre part, c'est tout de même spéculatif », commente Nicolas Mangold, spécialiste de géologie martienne au laboratoire de planétologie et géodynamique de Nantes.
« Rien ne permet d'affirmer totalement qu'il s'agit d'un volcan qui a éjecté d'énormes quantités de laves et de cendres. Il y a pas mal d'autres alternatives, je suis d'ailleurs étonné qu'ils aient envoyé leur article à la revue Nature avec si peu de certitudes », souligne le planétologue.
Olympus Mons reste quoiqu'il en soit le plus haut volcan du Système solaire, avec une altitude d'environ 23 km, mais il s'est élevé en plusieurs millions d'années, coulée de lave après coulée de lave. Aucune des éruptions qu'il a connu n'a été suffisamment catastrophique pour qu’il s'effondre sur lui-même.
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