Un jet de particules de 37 années-lumière dans la Carène

Sur cette image en fausses couleurs, le pulsar IGR J11014 est visible en bas à droite avec son jet (émission X, en violet). Le reste de supernova d'où il a été éjecté est visible en haut à gauche, avec une étoile au premier plan. Crédit : Nasa

Le satellite X Chandra a permis d'identifier le plus long jet de particules de toute la Galaxie.

Situé à 23 000 années-lumière dans la constellation australe de la Carène, il est produit par une étoile à neutrons en rotation (un pulsar) fonçant à plus 3 millions de km/h dans l'espace interstellaire.

Un cas unique

IGR J11014 (c'est l'immatriculation du pulsar) étonne par l'étendue de son jet, mais aussi parce que « c'est la première fois qu'un jet émis par un pulsar hypervéloce est clairement identifié » soulignent dans leur étude Lucia Pavan (université de Genève) et ses collaborateurs.

Ce jet polaire en forme de tire-bouchon étiré indique que le pulsar vacille sur lui-même comme une toupie, avec une période de 66 ans.

Mais ce qui intrigue surtout les chercheurs, c'est que le jet est perpendiculaire au déplacement de l'astre, alors que les simulations d'explosions de supernovae peinent à prédire ce genre de configuration.

Lorsqu'une étoile massive explose en supernova et que son coeur s'effondre en étoile à neutrons, celle-ci acquiert en effet une vitesse parfois prodigieuse, comme une balle tirée lors d'un coup de fusil. Son axe de rotation (rendu visible par le jet) et la direction de son mouvement sont alors alignés. Du moins selon les modèles numériques...

L'empreinte d'un sursaut gamma ?

Si IGR J11014 se distingue, c'est qu'il pourrait avoir été créé par un type d'explosion rare : un sursaut gamma.

Lucia Pavan et ses collaborateurs notent en effet que, non loin du pulsar, la matière dispersée par l'explosion qui lui a donné naissance est encore visible. Ce reste de supernova, baptisé MSH 11-61A, « montre des asymétries très claires » qui sont à peu près alignées avec le jet de IGR J11014, soulignent les chercheurs. Or, précisément, les explosions d'étoiles qui produisent les sursauts gammas sont asymétriques !

« La grande vitesse d'éjection de IGR J11014 et l'alignement de ses jets avec les asymétries de MSH 11-61A pourraient être les échos d'un sursaut gamma éteint » concluent les astronomes.

La vitesse du pulsar et sa distance avec le reste de supernova permettent d'estimer l'époque du cataclysme à 15 000 ans.

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