La géologie de Pluton s’écrit blanc sur noir

Cette zone se trouve à l'interface entre la partie la plus claire et la partie la plus sombre de Pluton. Les glaces blanches semblent recouvrir les terrains sombres. ©Nasa/JHUAPL/SwRI.

La vue de Pluton dévoilée le 21 juillet montre de nouvelles montagnes et prouve que de la glace claire recouvre des zones sombres.

Les équipes de New Horizons ont découvert sur Pluton une vaste zone claire d'abord surnommée le Cœur, puis Tombaugh Regio. À leur grande surprise, pas un seul cratère d'impact n'est visible dans cette zone.

Elle a donc été recouverte très récemment de matériaux frais, il y a quelques millions d'années, 100 millions tout au plus. Rapporté à l'histoire de la planète naine, formée il y a 4,5 milliards d'années, c'est un battement de cil.

Des cratères comblés de blanc

Les chercheurs se sont immédiatement demandé quelle est l'origine de cette calotte glaciaire fraîche située au voisinage de l'équateur. Cette vue en haute résolution apporte des éléments de réponse. L'une des interrogations était notamment de savoir si cette zone glacée est plus élevée ou plus basse que les terrains voisins.

Or, on voit clairement sur cette photo que les zones sombres et anciennes (car cratérisées) semblent avoir été recouvertes par cette glace claire. On identifie en particulier un cratère (ci-dessous à droite) dont l'arène est comblée de glace blanche. Le fond d'un autre cratère (ci-dessous à gauche) est lui aussi rempli de glace sans qu'il y ait de jonction avec les zones claires.


Deux explications possibles :

- Il est possible que l'altitude globale de cette région soit plus importante qu'ailleurs, ce qui engendre des dépôts de glace carbonique en raison de température plus basse. Cette différence d'altitude est tout à fait envisageable, en raison des forces de marées de Charon sur Pluton. La planète naine doit être légèrement déformée, présentant un renflement face à son satellite et un autre dans la direction opposée, où se situe précisément cette calotte de glace claire.

- Il se peut aussi qu'une activité géologique interne ait fait remonter à la surface des matériaux souterrains, sous forme de geysers ou de cryovolcans.

Il n'est pas encore possible de trancher entre ces deux explications. Les chercheurs espèrent obtenir des signes directs d'une activité géologique, mais il reste une grande quantité de données à rapatrier vers la Terre. À ce jour, seuls quelques pour cent des dizaines de gigaoctets de données collectées par New Horizons ont été récupérés.

Des montagnes de 1500 m

De nouveau, des montagnes se dessinent comme sur le premier cliché du survol. Celles-ci sont un peu moins hautes avec des altitudes de l'ordre de 1000 à 1500 m. Là encore, le mécanisme à l'origine de leur formation n'est pas tranché. Soit il s'agit de processus tectoniques, comme sur Terre. Soit il s'agit de terrains plus résistants à l'érosion. Sur Pluton, l'érosion se fait par sublimation de la glace (passage direct de l'état solide à l'état gazeux) sous l'effet du rayonnement du Soleil. Ces montagnes sont supposées être faites de glace d'eau, recouverte de glace d'azote, comme nous l'expliquait le chercheur Richard Binzel du MIT.

Des plaines de glace

Les zones plus uniformes dans le haut de l'image sont elles aussi étonnantes, avec leur structure de vallées polygonales. Il peut s'agir de failles d'effondrement comme celles qui se forment lorsque de la boue sèche. Ou encore de structures d'érosion. Un détail intrigue tout particulièrement : ce sont les petites taches sombres innombrables visibles par endroits dans ces vallées. Pour le moment, aucune explication n'est proposée. Il s'agit peut-être d'une couche inférieure qui affleure par endroits. Un relevé d'altitude permettra d'en savoir davantage.


La mosaïque

La zone qui vient d'être dévoilée jouxte la première image que l'on a vue de la surface de Pluton. Il est possible d'assembler ces deux vues pour former une première mosaïque. Elle permet d'apprécier la différence d'élévation entre les deux massifs montagneux.

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