Les premières mesures de la sonde partie le 20 mai 2010 de la base de Tanegashima, au Japon, sont une aubaine pour les planétologues. D'abord parce que depuis le 7 décembre 2010, où le moteur principal du vaisseau a refusé de s'allumer pour réaliser l'insertion sur orbite vénusienne, les responsables de la mission avaient peu d'espoir de les voir un jour.
Ensuite parce qu'elles sont d'une qualité très convenable qui démontre que les instruments embarqués fonctionnent bien.
Enfin, parce que si la mission se déroule correctement, elle pourrait réaliser des découvertes qui relanceraient l'intérêt de la Nasa pour Vénus, depuis longtemps délaissée.
Une orbite allongée autour de Vénus
Akatsuki est parvenue à se mettre sur orbite autour de Vénus le 7 décembre 2015 à la suite d'une manœuvre de sauvetage imaginée par les ingénieurs de vol. À la suite de son insertion manquée en décembre 2010, ils savaient que l'engin allait suivre une orbite solaire qui le ramènerait à proximité de la planète cinq ans plus tard. Mais comme il n'était plus question d'effectuer la satellisation grâce au moteur principal, ils ont décidé de mettre en œuvre tous les petits moteurs secondaires qui servent principalement à orienter la sonde.
La manœuvre a réussi mais l'orbite suivie autour de Vénus est plus allongée que prévu, avec un apoastre à 370000 km (un peu moins de la distance Terre-Lune) et un périastre à 4000 km. Conséquence : Akatsuki ne passe près de la planète qu'une fois tous les 10,5 jours au lieu d'une fois toutes les 30 heures. Son point le plus bas est aussi supérieur à ce qu’il devait être : 4000 km, au lieu de 300 km. De ce fait, ses instruments voient leur résolution amoindrie.
Une découverte intrigante
Mais tout va bien à bord. Au cours de ces premières semaines d'observation, la sonde a obtenu des vues infrarouges de l'atmosphère d'une très bonne qualité, qui montrent que les processus de formation des nuages est plus complexe qu'on ne le pensait.
Mieux encore, en émissions thermiques, l'engin a découvert une étrange structure nuageuse qui s'étend d'un pôle à l'autre avec une forme d'étrave. Or, celle-ci, au lieu de tourner avec les formations atmosphériques, semble rester solidaire de la surface. Ceci pourrait indiquer qu'elle doit son origine à des reliefs.
Une chance pour l'exploration
La sonde japonaise dispose d'instruments pour chercher une éventuelle activité volcanique en cours sur la planète. Cette possibilité avait été fortement suggérée par des observations de la sonde européenne Venus Express, qui a fini sa mission en 2014. Si tel est le cas au cours des deux prochaines années, cela pourrait redonner un coup de pouce à des missions d'exploration prévues par la Nasa, mais qui ne suscitent guère d'enthousiasme pour l'instant.
L'une d'elles, VERITAS, pourrait ainsi prendre la succession de Magellan, qui a cessé ses observations en 1994, et produire une nouvelle cartographie radar de Vénus. Avec une résolution meilleure que son aînée, cette cartographie pourrait révéler des changements à la surface de la planète, tels que des coulées de lave ou des glissements le long de failles.
C'est pourquoi les responsables de la mission tenteront, d'ici deux ans, une nouvelle petite manœuvre afin d'éviter que la sonde ne passe aussi souvent dans l'ombre de Vénus, où ses panneaux solaires se retrouvent privés d'énergie. Si elle réussit, l'engin pourrait rester en service 5 ans, au lieu des 2 ans actuellement projetés.
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