Des sommets de 1200 m d’altitude, des dunes de 100 m de haut : les nouvelles cartes altimétriques de la sonde Cassini dessinent avec précision la surface du plus gros satellite de Saturne. En un peu plus de quatre ans, l’engin lancé par la Nasa en 1997 a survolé 51 fois Titan, un monde glacé perpétuellement recouvert d’une atmosphère opaque. Mais au cours de 19 de ses survols, son radar a pu percer les nuages et scanner plusieurs régions, couvrant environ 38% de la surface avec une résolution de 2,4 km.

Les cartographes de l’US Geological Survey (USGS, États-Unis) ont mis à profit des observations doubles de mêmes zones (selon le principe des images stéréoscopiques) pour constituer des vues en trois dimensions. Ces vues ne concernent que 20 petites régions représentant seulement moins de 2% du satellite. Toutefois, elles suffisent pour mettre en évidence plusieurs structures géologiques. Randy Kirk, de l’USGS, précise : “Quelques-unes des structures cartographiées me rappellent la Terre : grandes mers, petits lacs, rivières, lits de rivières asséchés, montagnes, dunes de sable où dépassent des collines, flots de lave…” L’une de ces curiosités, Ganesa Macula, était prise pour un cryovolcan (ou volcan de glace). Mais son aspect en trois dimensions la montre tellement érodée que cette interprétation est remise en question.

Les plus hauts sommets pointent environ à 1200 m au-dessus du niveau des lacs. Quant aux lacs eux-mêmes (remplis d’hydrocarbures), selon la topographie environnante, ils devraient avoir une profondeur maximale de 100 m. Ces données ont leur importance car elles permettront d’estimer le volume d’hydrocarbures liquides sur Titan, et d’affiner ainsi les modèles d’évaporation du méthane qu’ils contiennent.