Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a de la glace d’eau sur la Lune. Cette eau est apportée petit à petit par les astéroïdes. C’est l’un des nombreux secrets de ces blocs de roche en orbite autour du Soleil, nous leur consacrons d’ailleurs un numéro hors-série complet qui vient de paraître : « Les Astéroïdes ».
La présence d’eau sur la Lune a été suspectée dès les années 1990 par les sondes Clementine et Lunar Orbiter, puis elle a été mise en évidence avec certitude en 2009 par Chandrayaan-1, par des méthodes indirectes.
Elle est longtemps restée inaperçue car elle est cachée. Lorsqu’un impact survient à la surface de la Lune, les roches hydratées se volatilisent, mais l’eau ne peut se condenser à nouveau sous forme de glace que là où il fait froid. C’est-à-dire dans les zones où il fait nuit en permanence : le fond des cratères situés proches des pôles.
Une carte au clair de Terre
La difficulté, c’est que puisqu’il fait nuit en permanence, il est difficile d’observer ces régions directement. Parfois, le bord du cratère est éclairé par le Soleil et cette lumière se reflète au fond, mais une source de lumière supplémentaire serait appréciable. Pourquoi ne pas utiliser le clair de Terre ? C’est l’idée originale qu’a eue une équipe américaine conduite par David Glenar (université du Maryland). Sur Terre, une nuit de Pleine Lune, il fait sombre, mais pas totalement noir. Songez qu’un clair de Terre sur la Lune est 50 fois plus lumineux ! Il y a là une source de lumière intéressante pour aller explorer le fond de ses cratères.
Mieux : la Lune est inclinée sur son orbite de 5° et son axe de rotation a un mouvement de précession qui incline plus ou moins ces cratères vers la Terre. Les chercheurs ont ainsi montré que ce clair de Terre devrait être assez lumineux pour aller explorer le fond de certains cratères. Ils ont ainsi dressé une carte mentant en évidence la luminosité maximale due au clair de Terre.
Une mission d’exploration dès 2023
Reste à déterminer comment aller explorer ces zones pour en savoir davantage sur cette glace. « Les meilleures données actuelles montrent que la glace située dans les cratères est mélangée au régolithe, et elle est certainement très stratifiée », détaille Eddie Schwietermann, chercheur à l’université de Californie et coauteur de l’étude. Il est donc probable que cette glace soit en partie cachée et affleurante seulement par endroits. « En 2023, la Nasa va justement envoyer un robot pour aller chercher cette glace. Il a été nommé Viper (pour Volatiles Investigation Polar Exploration Rover) et doit aller explorer le pôle de la Lune », annonce Eddie Schwietermann. Le résultat de cette mission peut se révéler très intéressante pour le futur de l’exploration spatiale, car dans l’hypothèse de l’installation d’une base lunaire, les astronautes auront besoin d’eau.
Présentation de la mission Viper