Visibles notamment sur les images acquises par le satellite de météo spatiale DSCOVR, lancé conjointement par la Nasa, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et l'U.S. Air Force début 2015, ces étranges points lumineux demeuraient jusqu'à présent un mystère pour les scientifiques. Quelle pouvait être leur origine ?
« Nous supposions qu'il s'agissait d'un effet de scintillation, dû à des paillettes de glace en suspension dans des cirrus, mais nous n'en avions pas la preuve » expliquent Alexander Marshak (Nasa) et ses collègues dans leur étude, parue dans la revue Geophysical Research Letters. Ils ont pu s'en convaincre en analysant plus d'un an d'observations de la caméra Epic de DSCOVR
La foudre hors de cause
Epic photographie la face éclairée de la Terre dans dix longueurs d'ondes différentes, chaque heure de mi-avril à mi-octobre, et deux fois par heure le reste du temps. Des dizaines de milliers de clichés réalisés par la caméra entre juin 2015 et août 2016, les chercheurs ont pu isoler 866 flashes.
La Terre vue à deux millions de kilomètres par la sonde Galileo, le 11 décembre 1990. Un flash lumineux au-dessus du Brésil, aux toutes premières secondes de cette vidéo, montre que le phénomène étudié par DSCOVR avait en fait été capturé dès cette époque, sans être remarqué. Crédit : Nasa/JPL
Distribués aussi bien au-dessus des océans que des terres émergées, ils ne pouvaient pas tous provenir de la simple réflexion du soleil sur la mer. S'agissait-il alors d'éclairs ? Pas plus : tandis que ceux-ci sont susceptibles d'apparaître en n'importe quel point du globe, les flashes repérés par Epic se trouvent à des latitudes bien particulières, précisément celles qui correspondent à une réflexion du soleil sur des particules en suspension, toutes alignées à l'horizontale ! Une analyse d'un autre jeu de données de DSCOVR permet de préciser l'altitude des paillettes de glaces responsables du phénomène : entre cinq et huit kilomètres.
Un rôle dans l'équilibre thermique de la Terre ?
Selon Alexander Marshak et son équipe, ces flashes lumineux pourraient jouer un rôle dans l'équilibre thermique de la Terre. Ils prouvent en effet que les paillettes de glace alignées réfléchissent 5 à 6 fois mieux la lumière du soleil que les mêmes particules orientées au hasard. Or les chercheurs montrent que ces paillettes à l'horizontale constituent probablement les cirrus, qui eux-mêmes couvrent 30% de la Terre.