Au terme d’une longue descente précautionneuse de près de 24 heures, la sonde japonaise Hayabusa 2 est parvenue à toucher la petite surface de 6 m de côté qu’elle visait sur l’astéroïde Ryugu. « C'est extraordinaire ! Quel bonheur d'être là ! » s'enthousiasme l'astrophysicien Patrick Michel (observatoire de la Côte d'Azur), membre de l'équipe scientifique de la mission. « Il y avait une telle tension dans la salle de contrôle, après une nuit blanche et une journée entière passée à surveiller la descente... »
Cette opération était un défi : avant d’arriver à proximité de Ryugu, les équipes de la sonde pensaient y trouver une zone lisse, sans gros rochers, d’environ 100 m². Le sol de l’astéroïde s’étant révélé beaucoup plus chaotique que prévu, ils avaient dû totalement repenser leur stratégie de navigation pour viser une région bien plus étroite.
De plus, au début de la descente, les pilotes de l'agence spatiale japonaise (Jaxa) avaient eu quelques soucis avec Hayabusa 2. « La sonde se comportait bizarrement. Une antenne semblait mal pointée. Il a fallu 4 heures pour comprendre pourquoi, réécrire en direct des lignes de code et les télécharger sur la sonde. C’est pour cette raison qu'elle a commencé par descendre plus vite que prévu : il fallait rattraper le temps perdu ! »
Le tir à bout pourtant d’un petit projectile à près de 1000 km/h, destiné à pulvériser un peu de la surface pour que la sonde puisse en récupérer des poussières, s’est apparemment lui aussi déroulé correctement, avec quelques minutes d’avance sur l'horaire prévu. « Nous sommes en train de vérifier les données de température dans la chambre de tir du projectile, qui confirment qu’il a bien été tiré. Mais pour avoir une idée de l'effet de l'impact sur Ryugu, il faudra attendre l'envoi des premières images en fin de journée (milieu de matinée en France) », reprend l'astrophysicien.
La sonde de 600 kg a maintenant commencé à s’éloigner rapidement de Ryugu.
[Mise à jour du 22 février à 10 h : Une première image a été communiquée par l'équipe de Hayabusa 2 (ci-dessous). Elle montre les traces de la poussière déplacée de les propulseurs de la sonde juste après son contact avec l'astéroïde. La présence d'un nouveau cratère d'impact doit encore être confirmée.]