L’Europe spatiale sauve Exomars mais enterre les astéroïdes

Crédit : ESA
Les 22 États membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) ont décidé de poursuivre la mission Exomars, qui nécessitait une rallonge financière, et de prolonger leur participation à la station spatiale internationale (ISS) jusqu’en 2024.

Ce vendredi 2 décembre, lors de la conférence de presse qui clôturait la conférence interministérielle de l’Europe spatiale, à Lucerne (Suisse), le directeur général de l’ESA, Jan Woerner, s’est montré satisfait. Il a en effet annoncé que les 22 partenaires réunis depuis le 1er décembre2016 avaient décidé d’un budget de 10,3 milliards d’euros pour les prochaines années (les durées varient en fonction des programmes), soit une augmentation de 1% par rapport au précédent.

Toutefois, cette légère hausse ne sera réelle que si l’inflation conserve un niveau très bas, comme c’est le cas actuellement.

Dans les grandes lignes, la science et le développement recevront 3,81 milliards (jusqu’en 2021), les lanceurs seront dotés de 1,61 milliards (jusqu’en 2023) — Ariane 6 est bien sûr confirmée, tout comme le lanceur léger Vega C —, l’exploration aura 1,45 milliards (jusqu’en 2021) et l’observation de la Terre disposera de 1,37 milliards (jusqu’en 2025). Le détail est donné sur le site de l'ESA.

La mission Exomars survit

Parmi les questions en suspens, figurait le sort de la mission Exomars pour 2020. Le robot qui doit être envoyé à la surface de Mars et le satellite qui doit étudier la planète accusaient en effet un manque de financement de l’ordre de 400 millions d’euros que les États membres ont décidé de combler.

Jan Woerner a précisé que cela se ferait sans retard dans d’autres missions scientifiques ou sans diminution de financement sur les autres programmes. La mission Exomars, faite conjointement avec la Russie, reste programmée pour un décollage en 2020. Aucun glissement de calendrier n’est envisagé.

Le rover d'Exomars, dont le lancement est prévue en 2020. © Cnes.

L’Europe reste à bord de l’ISS

Tout comme les États-Unis, la Russie, le Japon et le Canada, l’ESA continuera sa contribution à la station spatiale internationale (ISS) jusqu’en 2024. Avant les discussions de Lucerne, elle n’était engagée que jusqu’en 2020. Cela se traduira notamment par une deuxième mission pour l’astronaute italien Luca Parmitano, en 2019.

La station spatiale internationale. © Nasa

Un deuxième module de service pour le vaisseau américain Orion

L’ESA, qui a déjà réalisé et livré à la Nasa un module de service pour sa capsule Orion, en fournira une seconde pour la mission EM-1 qui doit être lancée par une fusée géante SLS en direction de la Lune en novembre 2018. Cette mission de sept jours sans équipage sera le premier test complet de l’ensemble Orion-SLS.

Vie d'artiste de la capsule Orion et de son module de service. © Nasa.

Les astéroïdes attendront

En revanche, Jan Woerner a précisé que la mission AIM (Asteroid Impact Mission), qui visait à étudier la possibilité de dévier de sa trajectoire un astéroïde potentiellement dangereux, n’a pas été financée dans sa forme actuelle. Envisagée pour un lancement en 2020, celle-ci est donc abandonnée. Toutefois, une nouvelle mission pourra être mise à l’étude dans le cadre du programme d’études générales (en tout, 445 millions d’euros). Mais cela signifie très probablement qu’une mission similaire ne serait éventuellement lancée que beaucoup plus tard et vraisemblablement avec un financement plus réduit.

Projet de la mission AIM. © ESA.
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