Malgré un arrêt des opérations de lancement, lundi 29 août 2022, la fusée Space Launch System (SLS) d’Artemis 1 était quasiment prête à décoller. C’est ce qu’il ressort des explications données par les responsables de la mission au cours d’une conférence de presse tenue au Kennedy Space Center, en Floride. Car la cause de l’arrêt définitif de la chronologie, maintenant bien identifiée, n’était pas si grave.
Le moteur RS-25 numéro 3 a bien été refroidi
Principalement, il s’agissait en apparence d'un défaut de refroidissement du moteur RS-25 numéro 3, situé à la base de l’étage principal. Précédemment, les responsables avaient cependant indiqué qu'un capteur devait être en cause, car tous les autres indicateurs montraient que le processus se déroulait de façon nominale. Autrement dit, les données de la plateforme de lancement, ainsi que les images des caméras filmant les quatre moteurs RS-25 indiquaient bien que de l’hydrogène issu du réservoir de la fusée s’écoulait correctement sur la partie supérieure du moteur pour le refroidir avant sa mise à feu.
John Honeycutt, directeur du programme SLS, a précisé : « Nous sommes désormais convaincus que l’hydrogène liquide coulait bel et bien en bonne quantité sur les moteurs. Cinq autres mesures nous l’ont confirmé ». À tel point que John Blevins, ingénieur en chef du SLS, répondant à une question de journaliste a affirmé que si le capteur devait afficher la même valeur lors de la prochaine tentative, « nous l’ignorerons ».
Pour obtenir plus de garanties que le refroidissement des moteurs se passe bien en dépit des mesures des capteurs, la Nasa va appliquer une procédure déjà testée avec succès lors du « green run test » et qui consiste à commencer l’opération non pas après, mais pendant le remplissage des réservoirs. « Nous commencerons la procédure de refroidissement à 8 h du matin, samedi », a précisé Charlie Blackwell-Thompson, directrice de lancement.
Une fuite de moins
Les responsables ont par ailleurs assuré avoir résolu tous les autres problèmes rencontrés le 29 septembre. Pour ce faire, les ingénieurs ont revu en détails l'ensemble des données collectées lors de la tentative et sont allés inspecter la fusée sur son pas de tir. En particulier, dans la première moitié de la phase de remplissage du réservoir d’hydrogène, une fuite avait été détectée, retardant les opérations sans toutefois les arrêter. « Nous avons identifié un joint un peu lâche, à l’origine de la fuite rencontrée, a indiqué à ce sujet Charlie Blackwell-Thompson. Le joint a pu être réparé sur l’aire de lancement.
Une météo plutôt favorable
Reste la question de la météo, qui avait empêché la reprise du compte à rebours le 29 septembre. Sur ce point, les nouvelles s’améliorent plutôt. Selon la responsable météo Mélodie Lovin, les cellules orageuses devraient rester cantonnées à l’intérieur de l’État de Floride. Elle prédit 60% de chances que les coonditions soient favorables pendant la fenêtre de tir. Après la conférence de presse, elle nous a confirmé, avec Charlie Blackwell-Thompson, qu'en cas de précipitations même légères, elles ne donneraient pas le « go » pour un lancement.
Une équipe déterminée à lancer Artemis 1
Interrogé sur l'urgence à lancer la mission, John Honeycutt a répondu : « Nous avons la possibilité de faire encore plusieurs cycles de remplissage et de vidange sans détériorer la fusée. Mais nous voulons éviter de ramener la fusée au VAB. Cela procure au lanceur plus de stress que n’importe quoi d’autre. » De son côté, John Blevens a assuré : « Nous avons demandé à tous les membres de l’équipe s’ils étaient prêts à voler. Ils ont tous répondu oui ».
Reste que l’entreprise dépend de nombreux critères dont certains ne sont pas du ressort de la Nasa. « Nous avons 489 critères à remplir avant de lancer, a détaillé Mike Sarafin, responsable des missions Artemis. Beaucoup de choses peuvent ne pas se dérouler de façon nominale, ne serait-ce que d'un point de vue météo. Nous ne pouvons rien garantir, mais nous allons être là, et tenter de lancer. » Et de conclure : « Nous sommes confiants avec notre acceptation du risque en vol. » Le 1er septembre 2022, un peu plus de deux heures avant la conférence de presse, le compte à rebours avait recommencé à s’égrener sur l’horloge du centre spatial Kennedy...
Reports possibles au 5 ou au 6 septembre
Si cette deuxième tentative échoue, les prochaines fenêtres seraient le lundi 5 et le mardi 6 septembre. Mais cette seconde date ne serait disponible que si un arrêt intervient avant le remplissage des réservoirs le 5 septembre. Si ces fenêtres devaient également être manquées, il faudrait alors ramener le lanceur au VAB. La fenêtre de tir suivante s’ouvrirait alors le 19 septembre pour se fermer le 4 octobre. Toutefois, dans une telle éventualité, il semble plus probable que la fusée ne serait à nouveau prête que pour la fenêtre suivante, qui débute le 17 octobre.