Cette fusée, qui s’élève dans la nuit californienne, emporte dans sa coiffe une sonde d’un genre nouveau : DART, ou Double Asteroid Redirection Test. Ce modeste engin de 610 kg conçu par la Nasa est investi d’une mission suicide : à l’automne 2022, il doit aller percuter un astéroïde à plus de 27000 km/h. Le but ? Tester pour la première fois les effets d’une collision volontaire avec un petit astre afin de déterminer s’il est possible de le faire changer de trajectoire.
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La petite sonde qui a décollé à 7 h 20 (heure française) ce 24 novembre 2021 à l’aide d’une fusée Falcon 9 ne sera pas la première à percuter un corps céleste (entre autres, en juillet 2005, Deep Impact avait largué un impacteur contre la comète Tempel 1). Mais cette fois, l’expérience doit déboucher sur la mesure scientifique des conséquences grâce à un « cubesat » de 14 kg, LICIACube, qui s’en séparera juste avant l’impact, et qui prendra des images de la collision.
La cible est le satellite d’un astéroïde
La cible de DART est un corps de 160 m de diamètre appelé Dimorphos, qui tourne autour de l’astéroïde de 800 m Didymos. Elle sera ensuite suivie à l’aide de télescopes situés sur Terre. Enfin, en 2024, la sonde européenne Hera décollera pour se rendre sur place et observer précisément les effets à long terme de l’impact sur l’orbite de Dimorphos à partir de 2026 (lire l'article du Ciel & espace n°568, p.28). La déviation attendue sera infime, compte tenu de la faible masse de DART. Mais elle devrait être mesurable puisque la vitesse de Dimorphos pourrait changer d’environ 1%.
Cette mission devrait donc permettre de déterminer s’il est possible ou non, et à quelles conditions, de dévier au moyen d’une collision un astéroïde qui menacerait de percuter la Terre.