Alerte sérieuse ou épisode anecdotique ? Sur le blog qui lui est consacré, la Nasa annonce que le JWST a reçu un impact entre les 23 et 25 mai 2022. C’est le segment C3 de son miroir de 6 m de diamètre qui a été touché.
L’espace interplanétaire étant baigné de poussières (dont celles qui heurtent parfois la Terre et créent de belles étoiles filantes), ce genre d’événement était attendu. Le Webb navigue en effet à 1,5 million de kilomètres de la Terre, sur une orbite qui lui fait faire le tour du Soleil en un an.
Une dégradation attendue des performances
Ces poussières, minuscules mais très rapides, provoquent généralement des microcratères sur les surfaces qu’elles impactent. La station spatiale internationale en est criblée, sans que cela porte à conséquence, sauf lorsqu’il s'agit d'impacts de débris spatiaux. Sur le miroir du Webb cependant, les microimpacts successifs vont dégrader peu à peu les performances.
Cette lente dégradation a été modélisée au sol et ne met absolument pas en péril les cinq années de mission (minimum) du JWST. Reste que cet impact, le cinquième observé depuis le lancement du télescope, est plus important que ce à quoi les équipes du Webb s’attendaient – sa taille est plus grande que ce qui avait pu être testé sur l’engin.
Les miroirs en cours de réajustement
Selon la Nasa, il y a plusieurs façons de modérer l’impact négatif des micrométéorites sur les performances du Webb. La première est de prendre des marges hautes sur les performances attendues —pendant la phase de test et de conception. C’est ce qui a été fait pour le Webb et c’est ce qui explique que ses performances optiques dépassent les attentes, même après ce dernier impact.
A écouter, notre série de podcasts consacrée au James Webb Space Telescope :
https://www.cieletespace.fr/actualites/podcasts-jwst
La seconde consiste à réajuster ses 18 miroirs segmentés après un impact. Les équipes au sol ont commencé à le faire, et le réglage fin se poursuit en ce moment. Un premier ajustement de mise en route avait déjà été réalisé en février 2022, deux mois après le lancement.
Cet impact, inattendu par sa taille, va permettre aux experts du Marshall Space Flight Center de la Nasa de mettre à jour leur modèle de population de poussières sur l’orbite du JWST. Et aussi, de mieux prédire la dégradation de ses performances futures.
Il faut toutefois espérer que d’autres impacts d'une taille inattendue ne se reproduisent pas trop souvent.