« Webb, welcome home ! » C’est par ces mots enthousiastes que l’administrateur de la Nasa Bill Nelson a salué l’arrivée du JWST à destination, ce 24 janvier. L’allumage de ses propulseurs pendant 297 secondes exactement aura suffit pour insérer le télescope spatial sur son orbite finale, autour du point de Lagrange L2 du système Soleil-Terre.
Sur une vaste orbite
Situé à 1,5 million de kilomètres de la Terre, dans la direction opposée au Soleil, le point L2 est un endroit idéal pour un télescope spatial infrarouge comme le Webb. Vu de L2, le Soleil, la Terre et la Lune sont en effet toujours situés dans la même région du ciel. Il est donc aisé de les masquer avec un pare-soleil et de conserver ainsi l’optique du télescope à très basse température (-235°C).
Le Webb n’est cependant pas figé précisément au point L2 car ce n’est pas un point d’équilibre gravitationnel stable. Il tourne autour, dans un plan presque perpendiculaire à l’axe Soleil-Terre. Et sur une orbite très vaste, un peu plus grande que celle de la Lune autour de la Terre.
La taille de l’orbite a été choisie de manière à ce que, vu du JWST, la Terre ne masque pas le Soleil. Le télescope spatial, doté de panneaux solaires, a en effet besoin du rayonnement de notre étoile pour fonctionner ! Et notamment, dans les trois prochains mois, pour aligner les 18 segments de son miroir de 6,5 m de diamètre.
Une première cible dans la Grande Ourse
Dès que son instrument NIRCam aura assez refroidi, probablement la semaine prochaine, le Webb sera pointé vers l’étoile HD 84406 dans la Grande Ourse. Une étoile choisie pour son éclat dans l’infrarouge et son isolement sur le ciel.
Commencera alors le travail des 132 actuateurs du Webb, 126 sur le miroir primaire et 6 sur le miroir secondaire, qui transformeront ses 18 segments hexagonaux en un seul miroir, avec une précision 10 000 fois meilleure que l’épaisseur d’un cheveu.
Des images pourraient être diffusées par la Nasa à cette occasion, mais les observations scientifiques ne commenceront qu’à la fin juin, lorsque tous les instruments du Webb auront été mis en route et calibrés.
20 ans d'observation ?
Le JWST ayant été parfaitement injecté sur son orbite de transfert par Ariane 5, il n’a pas eu à puiser beaucoup dans ses réserves de propulseurs pour effectuer ses corrections de trajectoire. Ces réserves permettront donc de le maintenir longtemps sur son orbite autour de L2. Initialement prévu pour fonctionner 5 ans au minimum, le JWST devrait pouvoir observer l’univers pendant près de 20 ans.
Pour plus d'informations sur le Webb et ses objectifs scientifiques, écoutez notre série de podcasts avec six astrophysiciennes et astrophysiciens de la mission.