Les vœux des astronomes pour l’année mondiale

De haut en bas et de g. à d : Alain Riazuelo, Aude Alapini, Michel Cassé, Marcello Coradini, Glenn Orton, Audouin Dollfus, Philippe Ledoux, Michel Guébel, Nicolas Prantzos, Alain Blanchard, Djamel Mékarnia, François Colas, Yaël Nazé et Owen Gingerich.

2009 a été déclarée Année mondiale de l'astronomie (AMA) par l'ONU. Une occasion en or pour les astronomes, amateurs comme professionnels, de partager leur passion ou leur métier avec le public. Que représente cet événement pour les astronomes ? Qu'en attendent-ils ? Quinze d'entre eux nous répondent. Et bien d'autres encore dans les pages de Ciel & Espace de janvier 2009 spécial AMA, actuellement en kiosque.

Michel Guébel, amateur, président de l'association Magnitude 78
C'est une belle occasion de donner envie aux gens de lever de nouveau les yeux vers la voûte étoilée, de lutter contre les pollutions lumineuses inutiles, de comprendre ce que sont ces astres qui dessinent le ciel de la nuit.

Marcello Coradini, coordinateur des missions d'exploration du Système solaire, Agence spatiale européenne
L'AMA représente un moment important pour le dialogue science et société civile, mais aussi pour la mise en valeur du patrimoine scientifique italien en tant que patrimoine scientifique universel. Elle est le résultat d'une proposition de l'Italie auprès de l'Unesco pour célébrer le 400e anniversaire des premières observations de Galilée faites avec une lunette astronomique, à l'origine de la science moderne.

Alain Blanchard, cosmologiste, observatoire Midi-Pyrénées
J'attends de cette année une meilleure compréhension du public et des politiques de l'intérêt de la recherche fondamentale.

Alain Riazuelo, chercheur au CNRS, Institut d'astrophysique de Paris
Je ne sais pas si nous pouvons attendre quelque chose de tangible de l'Année mondiale, si ce n'est bien sûr la satisfaction de susciter l'intérêt du public ! En tout état de cause, je suis ravi qu'elle ait lieu. Il est normal que les chercheurs fassent les efforts nécessaires pour offrir au public un retour sur investissement, puisque nous sommes financés par ses impôts.

Yann Clénet, chercheur au CNRS, observatoire de Paris-Meudon
C'est pour moi l'occasion de diffuser de la culture scientifique auprès du public. Par cet intermédiaire, le pouvoir politique peut aussi prendre conscience du caractère fondamental de la recherche... fondamentale !

Owen Gingerich, astronome et historien des sciences, université de Harvard
Il y aura bien sûr beaucoup de conversations autour de Galilée. Il y aura aussi probablement beaucoup de (fausses) affirmations selon lesquelles Galilée et sa lunette ont démontré la validité du système copernicien. Je ferai de mon mieux pour que mes collègues ne s'égarent pas à ce sujet. Et j'essaierai aussi de faire en sorte que Kepler ne soit pas oublié, puisque 2009 est aussi l'anniversaire des 400 ans de son "Astronomia Nova".

Nicolas Prantzos, directeur de recherche au CNRS, Institut d'astrophysique de Paris
Je ne pense pas que l'année mondiale va marquer l'imaginaire collectif ! Il faudrait surtout associer les jeunes à cette manifestation.

Glenn Orton, astrophysicien, Jet Propulsion Laboratory
C'est une bonne façon de montrer aux gens la variété des activités qui se cachent derrière le terme "astronomie". J'espère que mon équipe et moi serons en mesure de présenter quelques-unes de nos belles images des planètes dans l'infrarouge. Elles montrent combien certains de leurs mécanismes climatiques sont ceux de la Terre, et combien d'autres en diffèrent !

Michel Cassé, directeur de recherche au CEA, Institut d'astrophysique de Paris
C'est une opportunité planétaire de partager, dans une période d'obscurantisme palpable, l'espérance d'une douce révolte de la raison. Mais je n'en attends pas grand-chose si cette cérémonie confine au corporatisme international des astronomes, et qu'elle sert de prétexte à la négligence des questions de partage des connaissances scientifiques par le biais de la télévision publique en France.

Aude Alapini, doctorante en astronomie à l'Université d'Exeter, participe au "Cosmic Diary"
J'apprécie beaucoup l'idée de partager notre expérience d'astronomes de différentes origines ! Cela peut susciter des vocations, intéresser davantage les jeunes aux sciences et aux technologies. 2009 est une année où les pays en voie de développement ont l'opportunité de découvrir l'importance des sciences dans la vie de tous les jours. S'intéresser à l'astronomie, c'est aussi s'intéresser à nos origines et à comment la science nous permet de comprendre notre environnement.

Audouin Dollfus, astronome, Observatoire de Paris-Meudon
C'est l'occasion de faire connaître et de partager tous les apports de l'astronomie contemporaine, qui se développe aujourd'hui autour de grands projets, à l'échelle mondiale. L'accroissement récent de notre connaissance sur l'Univers est spectaculaire, tant sur sa formation, son évolution, que sur les lois physiques qui le gouvernent. Nous avons même découvert des mondes extraterrestres et nous nous attaquons au problème de la vie dans l'Univers. Toutes ces recherches ont une grande valeur culturelle.

Djamel Mékarnia, astronome, hivernant à Concordia, observatoire de la Côte d'Azur
En tant qu'astronome professionnel, j'y vois une occasion supplémentaire de parler de notre métier, avec l'espoir de voir notre budget de recherche augmenter. En tant que citoyen, c'est l'occasion de sensibiliser le monde aux effets néfastes des différentes pollutions engendrées par l'Homme et particulièrement la pollution lumineuse. La médiatisation de cet événement permettra peut-être à nos responsables politiques de tenir compte des messages envoyés, depuis longtemps, par les amoureux du ciel étoilé.

Philippe Ledoux, astronome amateur à Toussaint (Seine-Maritime)
Pour avoir étudié deux dossiers d'acceptation du label AMA09, il nous est rapidement apparu que le processus d'accréditation était bien trop lourd pour un club de 30 adhérents et nécessiterait un investissement personnel bien éloigné d'une activité de loisirs. À l'évidence, cette AMA2009 concerne avant tout les grosses structures associatives ou politiques. Peu de place pour les petits dans cette affaire.

Yaël Nazé, astrophysicienne, université de Liège
Pendant cette année, nous pouvons partager notre passion du ciel avec tous, petits et grands, que ce soit pour éveiller les vocations et simplement laisser le regard s'attarder sur les merveilles étoilées : un peu de beauté dans un monde de brutes ! Il ne faut oublier personne, que ce soit les pays défavorisés ou les familles dans les cités. L'AMA 2009, ce ne doit pas être une fête chez Maxim's pour quelques privilégiés.

François Colas, astronome, IMCCE
Voici l'occasion de montrer que l'astronomie est maintenant une science qui touche de nombreux domaines parfois proches de la vie quotidienne - c'est le cas de la planétologie qui permet de mieux comprendre notre Terre et les problèmes auxquels nous sommes confrontés. C'est aussi une prise de conscience que la protection du ciel est importante, pas seulement pour une poignée d'astronomes, mais pour tout le monde. Il est encore plus important de protéger la nature contre les éclairages intempestifs.

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