Phoenix : premières images, premiers mystères

Mars vu par Phoenix (Crédit : NASA/JPL-Caltech/Univ. of Arizona/C&E)

Dès son arrivée sur Mars, la sonde Phoenix a découvert une surface structurée en polygones, caractéristique d'un sol qui subit l'alternance du gel et du dégel. Ce n'est pas la première fois qu'une telle mosaïque - connue sur Terre dans les zones de permafrost (Antarctique, Sibérie) - est repérée sur la planète rouge. Mais celle-ci, observée à 68°N, intrigue les spécialistes.

«La présence de sols polygonaux à ces latitudes pose un problème majeur : même en plein été et en plein midi, il n'y dégèle jamais» souligne le géologue Pierre Thomas sur le site Planet Terre. À ces latitudes martiennes, en effet, la couche de glace d'eau saisonnière, qui fond chaque été, se sublime directement à l'état gazeux... sans passer par le stade liquide ! Comme l'eau ne coule jamais, il n'y a pas, là-bas, d'équivalent au dégel terrestre. Et donc aucun mécanisme connu susceptible de modeler cet étonnant paysage.


Bien sûr, il pourrait s'agir d'un paysage fossile, «qui daterait de quelques millions d'années, quand la forte inclinaison de l'axe de rotation martien pouvait donner aux pôles des températures estivales plus clémentes», reprend Pierre Thomas. L'examen des craquelures du sol laisse cependant penser le contraire. Pour le responsable scientifique de Phoenix, Peter Smith (université d'Arizona, à Tucson), «ces craquelures sont récentes. Elles ne peuvent pas être anciennes. Elles se seraient comblées». Le mystère reste donc entier.


Avant peut-être de le résoudre, par exemple en observant les modifications du sol pendant ses cinq mois de mission, la sonde consacre ses premières heures sur Mars à explorer visuellement son environnement. L'image ci-dessus montre à la fois des collines à l'horizon et un point brillant, sur la gauche, probablement le bouclier protection arrière de la sonde, largué quelques secondes avant l'atterrissage depuis une altitude de quelques centaines de mètres.


Les responsables de Phoenix ont aussi commencé un autoportrait de la sonde, où les deux panneaux solaires apparaissent clairement (ci-dessous, à gauche et à droite) ; de même (en bas, de gauche à droite) que le mât météo, l'ombre de sa caméra stéréoscopique, et surtout son bras de forage, qui creusera le sous-sol jusqu'à 50 cm de profondeur.

Parallèlement à ces clichés, la Nasa a aussi diffusé trois images étonnantes réalisées par l'imageur à haute résolution de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO). La première montre Phoenix suspendue à son parachute durant sa descente vers Mars. La photo a été prise depuis une distance de 310 km. Phoenix était alors à 12600 m d'altitude. La seconde est une vue plus large de la même scène, dans laquelle, par un effet de perspective, Phoenix semble plonger dans le cratère Heimdall (10 km de diamètre). La troisième image montre enfin la situation de Phoenix une fois posée. La sonde, panneaux solaires déployés, est parfaitement visible, ainsi que ses boucliers avant et arrière et son parachute. Impressionnant !

Pour en savoir plus, écoutez les deux podcasts consacrés à Phoenix sur Ciel & Espace Radio.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Commentaires

Nous avons sélectionné pour vous

  • Échec du Starship de SpaceX pendant son ascension dans l’espace

    Pour son 7e envol vers l’espace, le 16 janvier 2025, le Starship de la société spatiale SpaceX a été détruit avant la fin de son ascension. La récupération du booster Super Heavy dans les bras de sa tour de lancement, elle, a été réussie pour la seconde fois.

  • La fusée lourde New Glenn atteint l’orbite dès sa première tentative

    Le 16 janvier 2025, le lanceur lourd New Glenn de la société Blue Origin de Jeff Bezos a accompli le premier objectif de son vol inaugural : atteindre l’orbite terrestre. La tentative de récupération de son 1er étage a échoué.

  • Tous nos conseils pour observer Mars

    La planète rouge passe à l’opposition le 16 janvier 2025, c’est la période la plus favorable pour l’observer. Son diamètre apparent demeure modeste, mais elle culmine haut dans le ciel, au-dessus des zones de turbulences. Voici neuf suggestions d’observation, aussi bien à l’œil nu que dans une petite lunette ou un gros télescope.