Caché derrière la Lune, le Soleil a disparu quelques instants au petit matin du 20 avril 2023. Il fallait pour le vivre se trouver en Indonésie, ou à l’extrémité nord-ouest de l’Australie. Cette éclipse de Soleil avait une particularité rare : elle était hybride. Par sa distance à la Terre ce jour-là, le disque lunaire n’est parvenu que d’un rien, à recouvrir le Soleil complètement. Si bien que le long de son passage, l’éclipse s’est révélée d’abord annulaire, pour qui se trouvait un peu trop loin de la Lune dans l’océan Indien. Puis totale. Puis de nouveau annulaire en fin d’éclipse, depuis l’océan Pacifique (voir gif animé en bas d'article). Le photographe Gwenaël Blanck se trouvait, lui, au bon endroit, au bon moment. Il nous raconte son expérience !

« Pour cette éclipse, je me suis joint à un groupe de chasseurs d’éclipses français. C’est une première pour certains, dont ma compagne. D’autres comptent déjà une vingtaine d’éclipses totales à leur actif. Dans mon cas, c’est la quatrième. J’avais attendu celle de 1999 depuis chez moi, mais elle m’avait été gâchée par les nuages. Je me suis ensuite rattrapé aux Etats-Unis en 2017, puis au Chili en 2019.

J’arrive sur notre site d’observation peu après 6 h du matin. Il s’agit d’un immense terrain plat en bord de mer, à une trentaine de kilomètres au sud de la ville d’Exmouth, tout proche de la ligne de centralité. J’installe rapidement mon matériel photo, puis il ne me reste plus qu’à attendre l’éclipse. Elle est prévue sur les coups de 10 h.

Il règne sur le site une ambiance géniale. Nous sommes entourés de gens de toutes nationalités, certains ont parcouru le monde entier pour vivre quelques minutes d’obscurité. A nos côtés, s’installe un couple d’Australiens qui ont vécu en France. Elle travaille à l’observatoire de Sidney, et a écrit un livre sur la chasse aux éclipses. Lui nous propose d’observer avec ses jumelles. Les éclipses sont aussi des moments de partage.

L’excitation commence à monter à mesure qu’approche le « first contact ». 10h04, ça y est ! Premier contact : l’éclipse a commencé. Des applaudissements retentissent. L’éclipse ne sera totale que vers 11h29. Nous mettons nos lunettes spéciales éclipse pour voir la Lune grignoter de plus en plus le Soleil, pendant toute la phase partielle. Un journaliste de la Nasa [sic] s’installe à côté de nous pour retransmettre l’événement en direct. La température baisse sensiblement, alors qu’il faisait vraiment très chaud dès 8h du matin. Une lumière étrange, comme tamisée, s’installe. Il ne reste maintenant plus qu’un très fin croissant…

Il est 11h29. La magie opère ! Nous vivons intensément ces 62 secondes de totalité. De magnifiques protubérances rouge intense sont visibles autour du limbe solaire. L’une d’elle est très impressionnante. Le disque noir de la Lune est entouré d’une magnifique couronne solaire. Indescriptible de beauté. On dirait une fleur, ou une étoile… Parce que l’éclipse est hybride, les protubérances et le bas de la couronne sont moins cachées par la Lune. Par rapport à d’autres, je trouve que l’obscurité ambiante est moins marquée. Mais quel spectacle, l’émotion est à son comble !

Revers de la médaille, une éclipse hybride est plus courte. Les 62 secondes sont vites passées. Applaudissements nourris et très forte émotion en fin de totalité. La troisième phase nécessitant de remettre les lunettes débute alors. Tandis que les appareils photos poursuivent leur travail jusqu’au bout, nos esprits sont encore tournés vers la minute d’obscurité exceptionnelle que nous venons de vivre. Nous restons jusqu’au bout. De nouveaux applaudissement retentissent au dernier contact. Nous quittons alors le site, en pensant déjà à la prochaine… »

Artemis : Comment la Nasa veut reconquérir la Lune

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