C’est la fin de la bataille pour Saint-Senier-de-Beuvron. À force de contestations (lire notre enquête), ce village de la Manche a convaincu l’entreprise SpaceX de ne pas installer chez lui une station relais pour sa mégaconstellation Starlink. C’est ce que l’on comprend de la décision adoptée le 4 janvier 2022, et publiée deux semaines plus tard, par l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse).
En tant qu’organisme d’État, l’ARCEP autorise l’utilisation des bandes de fréquences électromagnétiques des entreprises implantées en France. Le 1er décembre 2020, elle l’avait fait pour chacune des stations terriennes de la société Starlink France SARL, dont celle de Saint-Senier-de-Beuvron. Mais un an plus tard, cette décision est abrogée. La société d’Elon Musk s’est en effet rétractée.
« Nous fonctionnons comme une chambre d’enregistrement des différents projets. Lorsque Starlink nous demande l’annulation d’un projet, nous le retirons simplement de nos registres » explique l’ARCEP. SpaceX ne s’est pas exprimé publiquement sur ce retrait. Mais au micro de France 3, le maire de Saint-Senier-de-Beuvron a exposé sa stratégie de blocage : « Nous avons fait reculer et reculer le projet en demandant de plus en plus d’informations, et nous n’avons jamais eu de réponse. »
Trois projets annulés sur quatre
Deux autres autorisations de stations-relais Starlink ont également été abrogées par l’ARCEP. À Saint-Pierre-et-Miquelon le 15 novembre 2021, puis à Gravelines dans le département Nord le 20 janvier 2022. Un total de trois annulations qui laisse Villenave-d’Ornon (Gironde) seule commune du territoire français à avoir accueilli lesdites antennes de télécommunication.
SpaceX compte-t-elle déménager ses stations vers d’autres sites moins problématiques en France, ou simplement se résoudre à une unique station dans l’Hexagone ? « À ma connaissance, nous n’avons pas encore reçu de demande pour de nouvelles stations dans notre pays », répond une représentante de l’ARCEP.
Pas non plus de nouvelles requêtes auprès de l’Agence nationale des fréquences (ANFR), chargée de déterminer la sûreté des installations et d’assurer la sécurité des personnes et des écosystèmes. Pour l’heure… Car pour délivrer son service sur un territoire, la mégaconstellation Starlink nécessite un maillage serré de relais au sol. Au moins cinq d’entre elles sont prévues rien qu’en Allemagne.
