Le 16 octobre, les images du Soleil envoyées en temps réel par le satellite américain SDO avaient un goût d'étrange. Chacun pouvait constater, sur la surface de notre notre étoile, l'apparition d'un large demi-cercle sombre concentrique au disque solaire. Un phénomène exceptionnel repéré par SDO ?
Pas tout à fait. Cette figure particulière, en réalité, doit autant aux mécanismes de la physique solaire qu'au penchant inné du cerveau humain à reconnaître des formes géométriques là où il n'y en a pas !
Des arches magnétiques déformées par la rotation
« Les régions sombres allongées et obliques sont des filaments, c'est-à-dire des protubérances en suspension dans la couronne solaire, vues ici en projection sur le disque de notre étoile » explique l'astronome Guillaume Aulanier (Observatoire de Paris). Leur orientation oblique est typique des filaments, elle est due à la rotation différentielle du Soleil (qui tourne plus vite à l'équateur qu'aux hautes latitudes).
Le fait qu'on observe deux filaments face à face « n'a rien de spécial ni d'inédit ». Simplement, ces filaments se sont formés dans deux régions magnétiques localisées aux mêmes longitudes et se sont étirés de concert sous l'effet de la rotation différentielle.
Une illusion de cercle
Les deux filaments allongés ne sont pas connectés l'un à l'autre. Bref, il n'y a pas d'arc de cercle, comme cela apparaît plus clairement sur la vue à haute résolution ci-dessous.
Notre capacité à donner du sens à des formes aléatoires porte un nom : paréidolie. Constitutive de l'être humain, elle peut conduire tout un chacun à surinterpréter des observations. Même un astronome ! « C'est le travail d'analyse et de traitement d'image qui permet de limiter, pas toujours d'empêcher malheureusement, ce type de travers. »
Pour en savoir plus sur notre étoile, écoutez cette série de podcast consacrée aux derniers secrets du Soleil, avec l'astrophysicien Jean-Paul Zahn, sur Ciel & Espace Radio.
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