Un satellite espion en perdition…

Dans quelle région de la planète le satellite-espion va-t-il s’écraser ? C’est une question à laquelle personne ne peut répondre pour le moment et qui crée une certaine psychose depuis dimanche. La presse américaine a révélé hier en effet qu’un satellite confidentiel du DoD (Department of Defense, le ministère de la défense des États-Unis), devenu incontrôlable, allait bientôt retomber sur terre entre fin février et début mars. Sa taille, sa masse supposée de 4 tonnes et certains de ses constituants toxiques, constitueraient un danger lors de sa chute.

D’après le quotidien « The New York Times », il s’agirait d’un satellite expérimental du National Reconnaissance Office (NRO), lancé le 14 décembre 2006. L’information semble réaliste car, quelques semaines après le lancement, les responsables de la mission reconnaissaient avoir perdu contact avec leur satellite. Depuis, la communication n’a pas été rétablie et le mois dernier, l’engin, placé sur une orbite basse, aurait perdu 20 km d’altitude.

Le carburant du satellite, de l’hydrazine, pourrait intoxiquer les populations s’il atteignait une région habitée. Mais, pour Christophe Bonnal, spécialiste des débris spatiaux au Cnes, « le produit n’a aucune chance de survie dans l’atmosphère. Le réservoir fondra à coup sûr et le carburant s’enflammera. » Autre substance dangereuse possible : le béryllium, qui pourrait entrer dans la constitution des instruments. Quant à une éventuelle contamination radioactive, Christophe Bonnal se veut une nouvelle fois rassurant : « La législation en vigueur interdit l’utilisation de moteurs nucléaires ».

Plus problématique, en revanche, la taille du satellite. À supposer que ce soit bien celui du NRO, l’engin fait 4 tonnes environ. Or, lors de leur entrée dans l’atmosphère, environ 10 % de la masse des satellites résiste. Il resterait donc suffisamment de matière pour créer un choc conséquent. Et même si l’impact n’a qu’une très faible probabilité de se produire dans une région habitée, la trajectoire de l’engin devra être suivie en permanence. Sur ce point, les États-Unis joueront très certainement la transparence en demandant aux autres pays de se joindre à la surveillance du satellite fou.

Pour en savoir plus, écoutez notre podcast « La menace des débris spatiaux », une interview de Christophe Bonnal de la Direction des Lanceurs du CNES

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