Une équipe belgo-japonaise vient de mettre au jour une roche céleste de 18 kg dans le champ de glace de Nansen, à 140 km au sud de la station polaire belge Princesse-Elisabeth. C'est la plus grosse météorite découverte dans l'Antarctique Est depuis 25 ans.
« Sur les 20 000 météorites trouvées à ce jour sur le continent blanc, seule une vingtaine dépassent cette masse », se réjouit Vinciane Debaille, de l'Université libre de Bruxelles. Avec cinq collègues belges et quatre japonais, la géologue a terminé le 12 février 2013 une campagne de collecte qui a duré deux mois et a permis de récupérer 75 kg de matière extraterrestre, soit 425 météorites.
Entonnoirs à météorites
En Antarctique, la recherche de météorites est facilitée par l'existence de vastes glaciers, qui concentrent les pierres tombées du ciel dans certaines régions. « Lorsque le glacier bute sur de la roche, par exemple des montagnes, il s'élève et met au jour les météorites qu'il a drainé parfois sur des milliers de kilomètres. Ces zones où le glacier s'élève sont facilement repérables par satellite, ce sont des champs de glace bleue », explique Vinciane Debaille. Une fois sur place, les chercheurs constatent que les météorites, cailloux noirs brulés par leur rentrée dans l'atmosphère, se détachent nettement sur le sol blanc.
Une météorite dans le champ de glace de Nansen, en Antarctique. © Vinciane Debaille.
Décongélation sous vide
Le poids lourd de la collecte récente est « probablement une chondrite, indique la géologue. Mais nous n'avons pas encore fait d'analyse chimique car la météorite est encore en phase de décongélation. »
Pour éviter que de l'eau ne s'y infiltre, les météorites récupérées en Antarctique sont en effet décongelées sous vide et à température ambiante, dans des conditions qui obligent la glace résiduelle à se sublimer (la glace passe à l'état gazeux directement). « Cela peut prendre plusieurs jours », précise Vinciane Debaille.
Une chute de plusieurs dizaines de milliers d'années ?
Après analyses, les scientifiques seront en mesure de classer précisément la météorite, et aussi d'estimer l'époque de sa chute. « Une fois tombée, une météorite est protégée des rayons cosmiques par l'atmosphère. Du coup, sa composition isotopique ne varie plus que par sa radioactivité naturelle, et on peut se servir de cela pour dater sa chute », explique Vinciane Debaille. Les météorites trouvées en Antarctique peuvent avoir « plusieurs dizaines de milliers d’années, voire un million d'années. »
Cette belle pièce d'exposition figurera à terme dans un musée. En Belgique ou au Japon ? Ce n'est pas encore décidé.
Pour en savoir plus sur ce que nous apprennent les météorites, écoutez ce podcast de Ciel & Espace Radio, avec le cosmochimiste Matthieu Gounelle.
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