Les mises à jour officielles des programmes spatiaux chinois sont rares. Mais quand elles surviennent, elles sont en général le signe d’une confiance solide dans le calendrier établi. Peut-être faut-il voir ce signe dans l’annonce qui a été faite le 24 avril 2024 sur la base spatiale de Jiuquan, dans le désert de Gobi. « Le développement du programme pour les principaux produits de vol, notamment la fusée Longue Marche 10, le vaisseau spatial habité Mengzhou, le module lunaire Lanyue et les scaphandres de surface et terminé, a déclaré Lin Xiqiang, directeur adjoint du CMSEO (China Manned Space Engineering Office, le bureau d’ingénierie pour les vols habités chinois) ».
Et de donner quelques précisions sur la production et les tests des prototypes qui « battent leur plein » : les essais basiques mécaniques et thermiques du vaisseau et de l’atterrisseur seraient achevés, plusieurs des moteurs utilisés pour ces missions auraient été mis à feu et les nouvelles infrastructures de lancement seraient déjà en construction sur la base Wenchang, tout au sud du pays, sur l’île de Haïnan, en mer de Chine méridionale. Tout cela pour faire passer un message clair : le calendrier visant à déposer deux Chinois sur la Lune avant 2030 ne glisse pas.
Une mission Artemis 3 virtuellement en 2026
Difficile de savoir quelle est la part d’intox dans ces annonces. Mais le programme spatial chinois a, jusque-là, habitué ses observateurs à un calendrier respecté… Ce qui contraste sensiblement avec les chronologies publiées par la Nasa pour son programme lunaire Artemis. Ainsi, la mission Artemis 3, celle qui doit permettre à une Américaine de marcher sur l’astre des nuits, initialement annoncée en 2024, a d’abord été repoussée à 2025. Cette date, bien que défendue bec et ongles par Bill Nelson, administrateur de la Nasa jusqu’après la mission Artemis 1, semblait depuis longtemps virtuelle.
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Récemment, un nouveau glissement a été officialisé à fin 2026. Mais la faible quantité de nouvelles en provenance de Space X concernant le Starship lunaire (ou module lunaire du programme Artemis) qu’elle développe, tend à laisser penser qu’un nouveau report ne serait pas à exclure. Et une modification de la mission Artemis 3 commence à être évoquée : au lieu de viser la Lune, l’équipage réaliserait un amarrage au Starship lunaire en orbite terrestre, à la manière d’Apollo 9 en 1969… Cette option, laissée filtrée par des sources internes à la Nasa, permettrait de consolider le développement du Starship et entrainerait un report de l’alunissage au mieux à 2028. Une date qui se rapproche dangereusement de l’année 2029, annoncée comme fiable côté chinois.
Chang’e 6 parée au décollage
Dans les tout prochains jours, à partir du 3 mai 2024, la sonde chinoise Chang’e 6 devrait être lancée. Dotée d’un atterrisseur, elle doit se poser dans le cratère Apollo (tout un symbole), sur la face cachée de la Lune. Tout comme Chang’e 5 près des monts Rümker, elle doit ensuite collecter des échantillons de roche et les expédier vers la Terre. Si elle réussit, elle offrira aux scientifiques les premiers échantillons venus de l’hémisphère opposé à la Terre.