L’Europe s'est posée sur une comète !

Ce phénomène mutuel entre les satellites joviens Europe et Ganymède aura lieu le 6 février 2015 à 19h. Crédit : Winjupos.

Réussite totale pour l'Agence spatiale européenne : le module Philae s'est posé sur la comète Churyumov-Gerasimenko. Un nouveau succès pour la mission Rosetta, en orbite autour de « Chury » depuis cet été.

Un événement historique !
Il est 17h04 à la Cité des Sciences et de l'Industrie, à Paris : le président de la République François Hollande, la secrétaire d'État chargée de la Recherche Geneviève Fioraso, et la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Najat Vallaud-Belkacem bondissent de leurs sièges, tout sourire : le Centre de contrôle des opérations de l'ESA (ESOC), situé à Darmstadt en Allemagne, vient d’envoyer la confirmation que le module Philae, de confection principalement française, vient de se poser sur Churyumov-Gerasimenko.

« Les mots me manquent, a déclaré le président, c'est un rêve de conquête spatiale. Cette réussite va nous permettre d'en savoir plus sur nos origines et pour comprendre où nous allons, il faut savoir d’où nous venons. »

C'est la première fois dans l'histoire des hommes qu'un robot se pose sur une comète.

Ci-dessous, François Hollande en compagnie de Claudie Haigneré, présidente d'Universcience et ancienne astronaute de l’ESA.

Journée de suspense

Le triomphe n'était pas assuré. Vers 9h ce 12 novembre 2014, les contrôleurs de l'ESA ont compris que le propulseur de Philae, qui était censé compenser le rebond du module à l'atterrissage et empêcher qu'il ne s'échappe dans l'espace, ne s'était pas activé. Mais les harpons ont, semble-t-il, réussi à ancrer Philae à la comète. Une information encore à confirmer à 18h12.

Un atterrissage réussi à 500 millions de kilomètres !

« Ce qui vient de se passer est ahurissant. On s'est posé à 1km près sur une comète située à 500 millions de kilomètres de la Terre ! » exulte Jean Pierre Bibring, le responsable scientifique de Rosetta.

Philae a atterri vers l'équateur de la comète, un peu plus près de l'hémisphère Nord que de l'hémisphère Sud. À cet endroit-là, c'est le matin. « On a choisi ce site justement pour que l'on dispose de 6 heures de jour après l'atterrissage », explique Francis Rocard, du CNES.

Désormais, les scientifiques et ingénieurs doivent comprendre comment est orienté Philae et s'il faut oui ou non le tourner afin de le diriger au mieux vers le soleil.

Ce que l’on sait déjà

D'après l'astronome Nicolas Biver, les instruments de Rosetta ont déjà effectué de nombreuses mesures. La température de surface est de -70°C au Soleil en raison de la noirceur de la comète : elle est plus sombre que le charbon ! Si elle était blanche, sa température de surface au Soleil serait plutôt de -90°C. Il s'agit réellement d'une boule de neige très sale ! Dans la nuit polaire à 1 cm de profondeur, il fait -100 à -230°C.

C'est l’astre le moins dense que l'on n’ait jamais survolé : Chury est faite de 75% de vide ! Sa densité est si faible qu’à sa surface, Philae aura un poids équivalant à seulement 1,7 gramme. La comète dégaze de l'eau et du monoxyde de carbone (CO), des éléments qui s'échappent à 2000km/h. Mais la quantité perdue ne représente que 1% de l'activité de la comète quand celle-ci passera au plus près du Soleil.

« C'est déjà la comète la plus auscultée et la mieux révélée ! » s'enthousiasme Nicolas Biver.

À 18h45, le robot n’avait toujours pas envoyé son premier panorama attendu avec impatience. Il est bien posé mais semble avoir des difficultés à se stabiliser.

Ci-dessous, les photos prises par chacune des sondes juste après leur séparation.

Ci-dessous, les vues du sol prises par Philae pendant la descente.

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