Peu après le coucher du Soleil, au-dessus de l’horizon sud-est, un astre brille intensément. Même depuis le cœur des grandes villes, il est impossible de le manquer. On pourrait même le confondre avec un avion de ligne en approche d’un aéroport… Il s’agit de Vénus, la plus proche voisine de la Terre dans le Système solaire, et aussi sa planète jumelle par la taille (un peu plus de 12000 km de diamètre). En la regardant ainsi, à l’œil nu, songez que si vous étiez sur Vénus — débarrassée de ses nuages — ou sur Mars, c’est à cela que ressemblerait la Terre…
Du quartier au croissant
Après être passée derrière le Soleil et avoir été inobservable, Vénus se rapproche chaque jour de la Terre. En effet, elle décrit une orbite intérieure à celle de notre planète et s’y déplace plus rapidement. Dans sa ronde autour du Soleil, elle nous rattrape donc. Le 29 novembre 2024, elle se trouve à 147 millions de kilomètres. Mi-décembre, elle croise encore à 130 millions de kilomètres. Un mois plus tard, le 15 janvier 2025, cet écart chute à 95 millions de kilomètres. Enfin, mi-mars, elle sera autour de 43 millions de kilomètres, mais alors, elle se rapprochera angulairement du Soleil et il deviendra à nouveau difficile de l’observer. Tout cela laisse environ trois mois et demi pour profiter de sa présence spectaculaire dans le dégradé du crépuscule.
Fin novembre, début décembre, la planète infernale (il fait près de 500 °C à sa surface) se présente sous la forme d’un quartier généreux (gibbeux) au début, puis parfait autour de Noël. Évidemment, cette phase, qui a permis à Galilée de conclure que les planètes tournaient autour du Soleil, n’est pas visible à l’œil nu. Il faut une lunette astronomique capable de grossir une vingtaine de fois. Ensuite, ce quartier évolue encore vers un croissant de plus en plus fin, mais de taille apparente de plus en plus grosse à mesure que la planète s’approche. Vers la mi-janvier 2025, des jumelles permettent d’ailleurs de le voir assez confortablement.
Observez au télescope !
Très belle à l’œil nu, Vénus est souvent délaissée au télescope. Ceci en raison de son épaisse atmosphère qui est d’un blanc immaculé. Malgré tout, observez Vénus au télescope ! D’abord parce qu’avec un petit instrument et un grossissement de 50 à 100 fois, ses phases sont évidentes et assez belles à regarder. Ensuite parce qu’au moment où elle se présente en croissant, la planète présente parfois de subtiles structures nuageuses discernables l’œil rivé à l’oculaire. Ce genre de détail ne peut être capté qu’avec de chance et beaucoup de patience.
Le Système solaire au complet
Le retour de Vénus peut aussi être vu comme une invitation à observer les autres planètes. En effet, Saturne est encore facile à viser en début de nuit au-dessus de l’horizon sud. Actuellement, ses anneaux se présentent presque par la tranche, ce qui lui donne une apparence quelque peu inhabituelle.
Disponible sur notre boutique web et en kiosque (où le trouver ?)
Notre hors-série Le ciel en 2025, pour découvrir l’astronomie toute l’année
Un peu au-dessus de Saturne (à plusieurs degrés tout de même), la lointaine Neptune se réserve pour les observateurs dotés d’un instrument de diamètre conséquent (au moins 150 mm). La planète peut être vue avec une petite lunette, mais pour que l’observation soit confortable, mieux avoir un peu de diamètre, donc de luminosité, pour pouvoir grossir l’image au moins 200x. Compte tenu de son éloignement, elle reste minuscule sans aucun espoir d’y déceler des détails.
Retrouvez nos conseils d’observation dans notre podcast
L’autre star planétaire de ces nuits, c’est Jupiter. Presque aussi brillante que Vénus, la géante du Système solaire est au plus près de la Terre, dans la constellation du Taureau. C’est le moment d’y admirer ses nuages, dont la Grande Tache rouge, mais aussi ses satellites galiléens qui projettent régulièrement leurs ombres sur la planète.
Uranus est aussi dans les parages (dans le Bélier) et peut offrir, plus facilement que Neptune, la vision féerique d’une planète bleue.
Enfin, Mars ferme le bal dans les Gémeaux. Commencez dès maintenant à l’observer, même si elle est un peu loin (plus de 120 millions de kilomètres) : sa calotte polaire, ses nuages et ses principales formations sont accessibles avec un télescope de 150 mm. Début janvier, la planète rouge sera au plus près de la Terre !
Reste Mercure… Sa proximité du Soleil ne la rend visible facilement que sur de courtes périodes. C’est le cas, mi-décembre et avant la fin de l’année, dans le ciel crépusculaire du matin.
La période actuelle n’est pas celle d’un alignement planétaire, mais toutes les planètes du Système solaire peuvent être observées dans de bonnes conditions au cours de nombreuses nuits. Au cours de ces trois mois, Vénus, Saturne et quelques autres entrent en conjonction entre-elles ou avec la Lune. Consultez le magazine Ciel & espace pour ne pas manquer ces dates. Profitez-en !