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A la suite des déclarations d’Igor et de Grichka Bogdanov sur France Inter le 4 novembre, Ciel & Espace tient à faire une mise au point.
Le procès en diffamation que les frères Bogdanov nous ont intenté suite à la publication de l'enquête de David Fossé, La mystification Bogdanov (2004), s'est bien soldé par leur condamnation (voir ici une copie du jugement). Contrairement à ce qu'a affirmé Grichka Bogdanov à l'antenne de France Inter dans l'émission « Souriez, vous êtes informés », nous n'avons jamais rencontré aucun des deux frères après la publication de l'enquête, ni conclu d'accord avec eux. Leur décision de déserter le prétoire, sans d'ailleurs retirer leur plainte, a été unilatérale.
Dès 2005, dans le cadre de la préparation de notre défense à ce procès en diffamation, nous avions demandé au CNRS, en vain, le rapport publié le 15 octobre 2010 par Marianne. En 2008, une nouvelle demande officielle de communication de ce rapport n'avait pas obtenu de réponse formelle. Officieusement, il était « égaré ».
Les journalistes et les éditeurs sont-ils tous nuls ?
Par ailleurs, un lecteur nous informe qu'un an avant la parution de leur ouvrage « Dieu et la science » (1991) — où ils étaient faussement présentés comme docteurs en astrophysique et physique théorique (selon eux une erreur de leur éditeur) —, Igor et Grichka Bogdanov s'étaient déjà octroyé ce titre, cette fois en physique et sémiologie, dans un livre qu'ils préfaçaient (« L'évolution des idées en physique », par Einstein et Infeld, édité par France Loisirs). Cinq ans plus tôt, comme le révèle Pierre Vandeginste sur son blog, c'est dans Paris-Match qu'ils se présentaient docteurs.
[Mise à jour du 8/11/2010] Comme nous le signale un lecteur (voir son blog), la biographie des Bogdanov les gratifiait déjà d'un doctorat en sémiologie en 1981, sur la 4e de couverture de « Chroniques du Temps X » (ci-dessous).
Ces « erreurs » à répétition posent une question : les journalistes et les éditeurs sont-ils systématiquement incompétents, ou Igor et Grichka Bogdanov, à l'occasion, peuvent-ils sciemment mentir à leur auditoire ?
Petits arrangements avec la vérité ?
Voici, pour rappel, deux éléments de réponse.
À la suite de la publication de La mystification Bogdanov, dans lequel le mathématicien Shahn Majid, l'un des rapporteurs de la thèse de Grichka, s'insurgeait contre les subtiles modifications de son rapport (publié dans leur livre « Avant le big bang »), les deux frères avaient expliqué sur Internet que, l'ayant eu longuement au téléphone, ils pouvaient affirmer que le mathématicien ne se reconnaissait pas dans l'interview de « Ciel & Espace ». Vraiment ? Ils s'étaient attiré une réponse cinglante de l'intéressé (en anglais).
Cette même année, à son grand déplaisir, le Pr Jean-Paul Delahaye avait découvert dans « Paris-Match » qu'il confirmait la conclusion des thèses d'Igor et Grichka Bogdanov : « Lorsque j'ai exprimé ma surprise et mon mécontentement à Grichka Bogdanoff par téléphone le lendemain de la parution de Paris-Match, celui-ci m'a dit que la manipulation de mon texte était le fait de journalistes de Paris-Match et que, ni lui, ni son frère, n'y étaient pour rien. Grichka Bogdanoff précisait qu'il était en colère contre Paris-Match. » Et pourtant, « depuis, Grichka Bogdanoff a admis être responsable du trucage de mon interview. »
La faute des autres...
Cinq ans plus tard, les frères Bogdanov sont toujours victimes des erreurs des autres. L'éditeur (et ami) des Bogdanov, Jean-Paul Enthoven, endosse en tout cas la responsabilité de celle-ci : dans sa première édition, le quatrième de couverture de leur dernier ouvrage affirme que le livre est « nourri des révélations fournies par le nouveau satellite Planck lancé le 14 mai 2009 ». Un bel argument commercial. Sauf que comme le souligne le cosmologiste Alain Riazuelo dans ses notes de lecture sur l'ouvrage « Le Visage de Dieu » (lui fait réellement partie de l'équipe de Planck), les données du satellite de l'ESA utiles en cosmologie ne seront pas connues avant... 2012 !
Dernière minute : La Commision d'accès aux documents administratifs, saisie par le CNRS le 30 septembre 2010 pour avis sur le caractère communicable à des tiers de son rapport (relatif aux thèses des Bogdanov), vient de rendre son avis. Il est négatif (lire ici l'avis de la Cada en pdf). Tout en légitimant l'existence de ce rapport (nullement émis par la « Stasi scientifique » dénoncée par Igor et Grichka Bogdanov...), la Cada s'oppose donc à sa diffusion.
[Article du 5/11/2010]
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