Deux fragments de météorite ont été retrouvés sur le toit de deux pavillons différents, à Draveil, dans l'Essone (91). Il s'agit d'un événement extrêmement rare.
Seulement 65 événements depuis 1492
Depuis 1492, en effet, seules 65 météorites ont été récoltées sur le sol français très peu de temps après leur chute. La dernière date du 22 mars 2002. Elle était tombée à Alby-sur-Chéran, en Haute-Savoie.
C'est Albert Jambon, professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris 6), spécialiste des météorites, et Pierre-Marie Pelé, chasseur de météorites, qui ont d'abord été alertés. Le 22 juillet, ils reçoivent l'appel d'une famille (qui a souhaité garder l'anonymat) prétendant détenir une météorite. Celle-ci avait été informée de la marche à suivre après l'appel à témoin lancé suite au bolide observé dans le ciel de Bretagne trois jours auparavant.
Ci-dessous, carte de situation de la ville de Draveil:
La météorite transperce le toit
« J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait, comme dans la majorité des cas, d'une vulgaire marcassite [pierre terrestre composée de sulfure et de fer, NDLR]. Mais, lorsque j'ai reçu la photo, j'ai tout de suite compris que j'avais affaire à un vrai spécimen », raconte Albert Jambon.
La chute remonterait à la nuit du 12 au 13 juillet 2011. Car, le 13, la famille remarque un trou dans le toit de la remise, visible depuis le premier étage de la maison. Elle affirme que, la veille, le trou n'y était pas.
Une pierre de la Ceinture des astéroïdes
« Les découvreurs ont eu la gentillesse de nous céder l'échantillon de 205,9g pour analyse, poursuit Albert Jambon. Nous l'avons authentifié en collaboration avec le Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il s'agit d'une chondrite ordinaire, soit le type de météorites le plus courant. »
Les spécimens de cette catégorie proviennent des astéroïdes de type S. Situés dans la partie interne de la Ceinture des astéroïdes, située entre Mars et Jupiter, ils ont été altérés par le rayonnement solaire.
Une autre météorite sur le toit de madame Comette
L'affaire rebondit le 22 septembre 2011 quand Alain Carion, collectionneur de météorites et propriétaire d'une galerie sur l'île Saint-Louis, à Paris, reçoit la visite d'une autre famille de Draveil. Monsieur M., mari de Madame Comette (ça ne s'invente pas!) « me montre un magnifique “caillou extraterrestre” de 87 grammes bien typique : croûte noire, rémaglyptes, intérieur blanc, traces de fer et de troïlite, réaction à l'aimant, l'idéal », détaille le collectionneur.
Ci-dessous, la météorite découverte par Madame Comette est pesée:
Découverte par le couvreur
Lors d'un orage survenu trois semaines auparavant, la famille Comette avait constaté une fuite d'eau sous le toit. Intervenu pour remplacer les tuiles cassées, le couvreur avait découvert le responsable du sinistre: la météorite.
Après en avoir prélevé un morceau, il avait donné le reste (un échantillon de 88 grammes) aux Comette. Ils retrouveront plusieurs autres fragments et en donneront un de 12 g à M. Carion.
Chasse aux météorites dans l'Essonne
Dans l'espoir d'en retrouver d'autres, Alain Carion et son fils Louis partent à la chasse aux météorites dans un rayon de 1000m autour de la maison dans les jours qui suivent. Ils arpentent les rues, scrutent les toitures et distribuent des affichettes à tous les voisins. Mais font chou blanc.
Les scientifiques furieux
« M. Carion savait pertinemment que nous étions en possession d'un échantillon provenant de la même chute et il ne nous a pas prévenus de sa découverte, ce qui nous aurait été très utile pour déterminer la trajectoire de la chute et ainsi localiser d'autres fragments, s'offusque Albert Jambon. Au lieu de cela, il a alerté tous les médias, en faisant comme s'il était seul à avoir suivi la piste de la météorite de Draveil ! »
« Les chercheurs sont furieux parce que j'ai été le premier sur le front médiatique, se défend Alain Carion. Ils insistent pour que je leur cède mon échantillon, mais vu qu'ils en ont déjà un, je ne vois pas où est l'intérêt scientifique ».
Une nouvelle pièce dans la collection du Muséum
L'échantillon que les chercheurs possèdent a désormais rejoint la collection de pierres célestes du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Elle sera déclarée prochainement auprès du Comité de nomenclature de la Meteoritical Society et devrait porter le nom de la localité où elle est tombée : Draveil.
Pour plus d'informations sur les météorites, lire notre dossier complet « On a retrouvé les parents du Système solaire » dans le Ciel & Espace d’octobre 2009 et nos podcasts sur le sujet.
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