“À la Nasa, on pisse tous de la même couleur.” Jetant la barre en fer avec laquelle il vient de détruire le panneau réservant les toilettes dames aux femmes blanches, Al Harrison (personnage fictif, interprété par Kevin Costner) lance cette phrase aux employés de la Nasa qui le regardent, médusés.
La scène, symbolique, résume à elle seule l’histoire vraie portée à l’écran par le réalisateur américain Theodore Melfi : celle de trois femmes noires qui, embauchées par la Nasa pour leurs compétences en mathématiques, participent à l’envoi des premiers Américains dans l’espace dans une Amérique ségrégationniste.
Elles passent leurs journées à effectuer à la main des calculs aussi fastidieux que complexes en vue de tracer les bonnes trajectoires pour les capsules Mercury qui emporteront les Shepard, Grissom et Glenn au-delà de l’atmosphère.
Le film se concentre surtout sur le parcours de Katherine Johnson, qui a été décorée en 2015 — à l’âge de 97 ans ! — par le président Obama de la médaille présidentielle de la liberté.
Les figures de l’ombre prend quelques libertés avec les faits. Mais il atteint remarquablement l’objectif : nous faire découvrir sans mollir le destin étonnant et pourtant ignoré de ces femmes sans qui Alan Shepard et John Glenn ne seraient pas devenus des icônes nationales.
Le récit, servi par une excellente distribution (dont Taraji Penda Henson, le lieutenant Carter de la série Person of Interest) leur rend justice avec justesse. Instructif, émouvant, un film à voir absolument pour enfin faire sortir de l’ombre des femmes qui n’auraient jamais dû rester méconnues pendant plus d’un demi-siècle !
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