Si c’est à Charles Messier que nous devons la découverte en 1773 de ce qui n'était alors qu'une nébuleuse, puis nébuleuse double sous l’œil de Pierre Méchain, c'est bien Lord Rosse, alias William Parsons, qui le premier dessine sa structure spirale. Il est équipé d'un instrument d'exception, le « Léviathan de Parsonstown » qui avec ses 1,83 m de diamètre est le plus gros télescope de l'époque. Comparé au dessin de John Herschel, douze ans plus tôt, le progrès est extraordinaire...
Un dessin retrouvé
Tandis que lord Rosse poursuit ses observations, Léon Foucault fait réaliser un progrès considérable à l'astronomie en inventant ce qui deviendra la version classique des télescopes. Grâce à leurs grands miroirs de verre taillés et recouverts d'argent, optiquement parfaits, le physicien de l'observatoire de Paris propulse la science du ciel dans une nouvelle époque.
En 1862, l'observateur Jean Charconac pointe le plus grand instrument construit par Foucault, un télescope de 80 cm, vers la nébuleuse. Son dessin, retrouvé il y a une dizaine d'années par l'astronome américain Jay Holberg dans les carnets d'observation de l’observatoire de Paris, rivalise immédiatement avec ceux de Rosse.
Il restera longtemps inégalé. William Lassell, qui observe avec un télescope de 1,2 m depuis Malte, capte correctement la structure spirale en 1862, mais n'y discerne aucun détail. En 1864, l'assistant de Rosse Samuel Hunter produit grâce au Léviathan un dessin remarquable. Vingt ans plus tard, celui de Hermann Carl Vogel, qui utilise un petit télescope de 68 cm à Vienne, est plutôt approximatif.
La photographie change la donne
L'avènement de la photographie change la donne. Le 11 avril 1888, Eugen von Gothard réalise le tout premier cliché de la nébuleuse des Chiens de chasse avec son télescope de 25 cm installé dans son observatoire de Herény, en Hongrie. Il a fallu 2 h 35 min de pose pour la révéler. Et l'image ne fait que 4 mm de diamètre ! Ne parvenant pas à agrandir la photo, il en fait réaliser un dessin (présenté ici). Dès l'année suivante, Isaac Roberts présente à la Royal Astronomical Society le premier cliché agrandi de M51. Équipé d'un télescope de 50 cm, il a posé 4 h pour la réussir.
Comparée à un cliché moderne (réalisé avec le télescope CFH de 3,6 m, à Hawaï), la photographie de Roberts montre que les astronomes disposent dès la fin du XIXe siècle d'une vue assez fidèle de ce qu'ils appellent alors une « nébuleuse spirale ». Il leur faudra encore trente ans pour se convaincre qu'il s'agit d'une galaxie, comme la nôtre.