Mise à jour le 9 août 2021 : Dans la nuit du 9 au 10 août 2021, la communauté d'astronomes amateurs tentera de nouveau l'observation du transit de WASP-148b.
Dans la nuit du 26 au 27 juin 2021, ils seront des dizaines à braquer leur télescope vers une seule et même cible : l’étoile WASP-148. Un soleil de magnitude 12 dans la constellation d’Hercule, qui possède au moins deux planètes. L’une d’elles, dénommée WASP-148b, va passer cette nuit-là devant son étoile. Elle bloquera 1% de la lumière de l’astre, qui brillera un peu moins entre minuit et 3h du matin, le 27 juin. Des orages ayant grondé toute la semaine partout France, ces astronomes amateurs ne seront jamais trop nombreux. Répartis dans tout l’Hexagone, certains pourront voir entre les nuages, là où d’autres auront la vue bloquée.
Répondant à l’appel de l’AFA (Association française d’astronomie) lancé le 28 avril 2021, plus de 200 amateurs se sont penchés sur le cas WASP-148b. Trois webinaires dispensés par l’AFA leur ont fourni les conseils théoriques et pratiques pour mesurer un transit d’exoplanète. Demain, des dizaines d’entre eux mesureront cette baisse d’éclat, récoltant les données scientifiques pour épauler la recherche. Et pourquoi pas découvrir une nouvelle exoplanète dans ce système située à 800 années-lumière. Rencontre avec quelques-uns de ces nouveaux chasseurs d’exoplanètes.
Alexandre Deschamps, 44 ans, ingénieur dans l’industrie automobile
Lieu d’observation : Yvelines (78)
« Je vais tenter l’observation depuis mon jardin, en montant sur mon C11 mon appareil photo numérique qui me sert depuis 5-6 ans à faire de l’astrophotographie. Ça va être un vrai défi car ma monture n’a pas d’autoguidage, ni de système de Go-To pour viser automatiquement l’étoile. Je me suis entrainé à retrouver WASP-148 grâce à ses coordonnées, puis en reconnaissant les étoiles voisines dans le champ », explique Alexandre Deschamps, membre de l’association d’astronomes amateurs de l’entreprise Stellantis à Poissy (anciennement PSA). Pour l’ingénieur, spécialiste des boites de vitesses automatiques, et plutôt habitué à photographier des galaxies, ce sera la première mesure d’un transit d’exoplanète.
Roger Hellot, 65 ans, président de la F4A (Fédération des associations d’astronomes amateurs d’Alsace)
Lieu d’observation : Doubs (25)
« Je serai accompagné des astronomes Alain Maetz et Christian Kreider, qui sont des spécialistes de l’observation des étoiles variables à éclipse. Mais pour moi ce sera un premier transit d’exoplanète », témoigne Roger Hellot, membre de la SAFGA (Société astronomique de France groupe d’Alsace). Dans la nuit du 26 juin, une caméra ATIK 460EX montée sur un télescope Mewlon 210 devrait être en mesure de saisir la chute de lumière tant convoitée. Dans la région, les Alsaciens sont rompus à l’observation de variations lumineuses dans le ciel. Fondée à Strasbourg, l’Association française des observateurs d’étoiles variables (AFOEV) s’en fait une spécialité depuis exactement 100 ans !
Chloé Gac, 21 ans, étudiante ingénieure en aérospatiale à l’IPSA
Lieu d’observation : Seine-et-Marne (77)
« WASP-148 est l’une des 36 étoiles que nous étudions pour un projet étudiant qui se penche sur un lien possible entre la métallicité [quantité d’éléments plus lourds que l’Hydrogène et l’Hélium] des étoiles et la présence d’exoplanètes » explique Chloé Gac, étudiante en 2e année à l’Institut polytechnique des sciences avancées (IPSA) à Ivry-sur-Seine. « C’est notre professeure de physique des plasmas, Anika Lekic, qui nous a fait découvrir WASP-148. Dans la nuit de samedi, nous serons un groupe de quatre à nous rendre loin des villes pour mesurer le transit avec les deux eVscopes [télescopes automatisés] de notre école », ajoute-t-elle.
Romain Lucchesi, 31 ans, doctorant en astrophysique
Lieu d’observation : Vaucluse (84) et Genève
Avant de devoir quitter sa région natale pour un master d’astrophysique à Paris, Romain Lucchesi a construit avec son père dans le jardin familial un observatoire pilotable à distance. Le 26 juin, le dispositif sera mis à contribution pour observer WASP-148b au moyen d’un télescope de Newton de 250 mm de diamètre et une caméra CMOS refroidie. En Suisse, où il est sur le point de soutenir sa thèse sur l’évolution chimique des galaxies, le doctorant pilotera un second télescope à l’observatoire de Genève. Deux fois plus de chance de passer au travers des nuages !
Cédric Berget, 35 ans, acheteur-vendeur
Lieu d’observation : Pyrénées-Orientales (66)
Féru de photographie animalière et tombé dans l’astronomie dès l’enfance, ce jeune papa installera son appareil photo au foyer d’un télescope C8. Une toute première observation d’un transit d’exoplanète qu’il conduira seul « pour rester bien concentré », sous un ciel périurbain, suffisamment éloigné des lumières de Perpignan. Dans les Pyrénées-Orientales, pas de nuages bas rédhibitoires annoncés à moins de 48 h du transit de Wasp-148b…
Domingos da Silva Barbosa, cosmologiste
Lieu d’observation : région de Coimbra, Portugal
« Nous allons mesurer le transit de WASP-148b avec trois collègues de l’Institut de Télécommunications de l’université d’Aveiro. L’université est rattachée à l’observatoire spatial de Pampilhosa da Serra (observatoire PASO) au centre du Portugal dans la région de Coimbra. Une toute nouvelle réserve de ciel étoilé vient d’y être certifiée : la réserve Dark sky Aldeias do Xisto. C’est là que nous serons, avec un eVscope qui nous serre beaucoup pour initier nos étudiants à l’astronomie. Au sud de Lisbonne à Montijo, João Gregório, un autre collègue habitué des transits d’exoplanètes va observer WASP-148b avec son équipement. Il possède notamment un Meade LX200. » L'appel lancé par l'AFA aura traversé les frontières.