Fin de série pour SpaceX. Après 335 campagnes de lancement réussies consécutivement, la fusée Falcon 9 de l’entreprise d’Elon Musk a subi un échec dans la nuit du 11 au 12 juillet 2024. Tout avait pourtant bien commencé sur la base militaire de Vandenberg (Californie).
Après l’envol du lanceur à 22h35 locales, ses deux étages s’étaient séparés normalement. Le premier s’en allant réatterrir en douceur sur une barge pendant que le second s’allumait pour continuer de pousser 20 satellites Starlink vers l’espace. A partir de t + 4 min cependant, à 130 km d’altitude, des fuites sont apparues au niveau de l’étage supérieur, tandis qu’un bloc de glace d’oxygène a commencé à s’accumuler sur ses flancs.
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Son moteur devait se rallumer à t + 52 min, pour circulariser son orbite et libérer les Starlink (parmi lesquels 13 capables de fournir internet directement à des smartphones). Mais SpaceX a interrompu sa diffusion et comme l’a finalement annoncé Elon Musk, l’opération « a résulté en un RUD » du moteur. Comprenez un « rapid unscheduled disassembly », ou désassemblage rapide non prévu. Un euphémisme pour dire une destruction.
Juste après, les satellites à bord ont malgré tout été libérés dans l’espace, mais sur une orbite elliptique oscillant entre 295 et 138 km. En plongeant si bas dans l’atmosphère résiduelle de notre planète, ils sont condamnés à y rentrer rapidement pour s’y consumer par échauffement.
Retour sur le pas de tir à l’automne ?
Conséquence de cet échec, les prochains exemplaires de Falcon 9 sont cloués au sol jusqu’au terme d’une enquête interne, en plus de celle ordonnée par l’administration fédérale de l’aviation le 12 juillet. SpaceX redécollera au terme de cette campagne de retour en vol, dont la durée est encore inconnue.
En 2015, elle avait duré six mois, après que le réservoir d’oxygène liquide avait explosé en vol, le 28 juin, détruisant la capsule inhabitée Dragon à son bord. Après l’explosion du 1er septembre 2016 sur son pas de tir, Falcon 9 était restée clouée un peu moins longtemps, jusqu’au 14 janvier suivant. Il s’agissait là des 19ème et 29ème campagnes de lancement de la fusée. Aujourd’hui Falcon 9 décolle tous les 2,7 jours en moyenne. La quantité d’information collectée par cette folle cadence permet de penser qu’il faudra attendre moins longtemps pour identifier la faille et rectifier le tir.
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Sans doute plusieurs vols habités retardés
On peut néanmoins s’attendre à ce que le calendrier de SpaceX prenne du retard dans les prochaines semaines. Le 31 juillet 2024, la mission habitée Polaris Dawn devait décoller avec une Falcon 9. À son bord quatre touristes spatiaux, dont Jared Isaacman (pour son second vol), s’apprêtant à réaliser la première sortie dans l’espace en scaphandre depuis une Crew Dragon, dans laquelle il faudra faire le vide intégral puisque celle-ci ne possède pas de sas de dépressurisation.
En août, Falcon 9 devait lancer à destination de l’ISS un vaisseau ravitailleur Cygnus, suivi des quatre astronautes de la mission Crew-9. Et le 10 octobre, pour trois semaines seulement, s’ouvre la fenêtre de tir de la sonde spatiale de la NASA Europa Clipper à destination de Jupiter. C’est une Falcon Heavy, assemblage de trois premiers étages et d’un second étage similaires à la Falcon 9, qui est sollicitée pour cette mission.
Il y a quelques semaines, l’agence européenne Eumetsat a délaissé Ariane 6 pour finalement lancer son satellite MTG-S1 avec une Falcon 9, en 2025. La fusée européenne a de son côté réussi son premier envol, le 9 juillet 2024.