Rallier la Lune demeure une affaire complexe. Il était 18h41 en France le 25 avril 2023, lorsque l’atterrisseur japonais Hakuto-R a touché le sol de notre satellite naturel. Mais passé cet horaire, le centre de communication de la société privée Ispace n’a plus reçu aucun signal en provenance de la sonde spatiale. Trente minutes supplémentaires pour établir un contact n’ont pas suffi. « Nous ne sommes pas en mesure de confirmer avoir atterri avec succès […] et devons partir du principe que nous ne sommes pas parvenu à accomplir l’atterrissage lunaire », a déclaré Takeshi Hakamada, fondateur et directeur d’Ispace, sans préciser l’ampleur du potentiel crash.
Derniers instants de la mission Hakuto-R
« Nos ingénieurs continuent d’enquêter pour savoir ce qui s’est passé », a promis le Takeshi Hakamada. Dans les dernières minutes d’une séquence automatique de descente entamée une heure plus tôt, l'engin répondait pourtant présent et transmettait ses données télémétriques. Bien orienté en position verticale à 1 minute du toucher au sol, le vaisseau indiquait une altitude de 740 m pour une vitesse de 126 km/h. Ces deux paramètres ont semblé ensuite continuer de s'approcher de zéro.
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Rover lunaire gâché
Conçu pour poser 30 kg à la surface de la Lune, l’atterrisseur fabriqué par ArianeGroup avoisinait une tonne au décollage, et 340 kg sans aucun carburant. Il transportait un petit rover conçu par les Émirats arabes unis. Surnommé « Rashid », d’après le cheikh Rashid ben Saïd Al Maktoum, premier émir de Dubaï, l’astromobile de 10 kg à peine devait explorer le cratère Atlas pendant une dizaine de jours, avant que la nuit lunaire ne vienne clore sa mission. Il n’aura pas l’occasion de faire tourner ses roues. À son bord, les trois caméras françaises CASPEX fournies par le Cnes, en couleur et full HD, ne pourront pas non plus photographier la Lune. Pas plus gros qu’une orange, un second rover Sora-Q devait tenter de progresser en roulant sur le sol.
Lancée vers la Lune le 11 décembre 2022, tandis qu’en revenait la mission Artemis 1, Hakuto-R a lentement voyagé en direction de notre satellite. Une fois sur orbite à 100 km d’altitude, la sonde spatiale nous a gratifiés d’un joli lever de Terre, en plein pendant l’éclipse totale de Soleil survenue sur la côte ouest de l’Australie le 20 avril 2023.
Série d’échecs
Rescapée du concours Lunar X Prize, la société Ispace devait en outre démontrer la capacité d’une société financée sur fonds privés à atteindre la Lune. En 2024 puis 2025, l’entreprise projette d’y envoyer deux autres atterrisseurs. Avec à son bord une expérience de la Nasa, le second compte dans le programme CLPS (Commercial Lunar Payload Services) de l’agence spatiale américaine, qui épaule financièrement des sociétés privées pour l’envoi d’atterrisseurs lunaires en marge de son programme Artemis. Pour l’heure, l’atterrisseur japonais Hakuto-R rejoint la sonde Beresheet de la société israélienne SpaceIL, et l’atterrisseur de la mission indienne Chandrayaan 2 parmi les récentes missions échouées sur la Lune. Seuls les États-Unis, l’URSS et la Chine s'y sont posés en douceur.