La chasse aux exoplanètes est une activité pleine de pièges. L’analyse plus fine des données obtenues par le réseau d’antennes millimétriques Alma voici presque un an vient le rappeler aux astronomes. En novembre 2017, une équipe espagnole menée par Guillem Anglada annonçait avoir détecté plusieurs anneaux de poussière autour de l’étoile Proxima du Centaure. L’information était d’importance car elle fournissait éventuellement une indication sur l’inclinaison de la planète tellurique qui tourne autour de la même étoile. Cela posait aussi quelques questions sur les processus à l’œuvre autour de cette naine rouge, beaucoup moins lumineuse que le Soleil. En effet, l’étoile étant très âgée, ces anneaux pouvaient être des vestiges de la formation de planètes.
Un événement puissant et bref
Mais une autre équipe a repris les données et découvert qu’au cours des dix heures pendant lesquelles Alma avait observé l’étoile, le 24 mars 2017, une éruption très puissante était survenue. En à peine dix secondes, cet événement énergétique a multiplié par 1000 la luminosité de l’étoile, avant que tout rentre dans l’ordre en moins d’une minute.
Toutefois, l’équipe d’Anglada a étudié la luminosité moyenne de la luminosité de l’étoile sur toute la durée de l’observation. Et elle a interprété le surplus d’éclat dû à l’éruption comme une réflexion de lumière infrarouge sur les particules de plusieurs anneaux. Le piège s’était refermé, et personne ne l’a décelé puisque le résultat a été publié dans la revue scientifique Astrophysical Journal Letters.
Une éruption qui a simulé l’existence d’anneaux
Les naines rouges sont connues pour subir de brusques sautes d’humeur et être agitées de puissantes éruptions. Proxima du Centaure n’y déroge pas. L’équipe de Meredith McGregor a donc épluché les observations du 24 mars 2017, minute par minute… Et découvert l’existence d’une éruption très violente (10 fois plus brillante que les plus spectaculaires éruptions solaires). C’est elle qui, si on l’intègre à l’ensemble des dix heures d’observation, simule la présence d’anneaux de poussière.
Conclusion : il n’y a pas d’anneaux autour de Proxima du Centaure.
Une planète où la vie semble difficile
L’autre message envoyé par l’éruption de l’étoile est que la planète qui gravite autour d’elle a été balayée par une bouffée d’énergie énorme. Au point que si elle possédait une atmosphère et un océan, ceux-ci auraient tout simplement été vaporisés. Or, selon les astronomes, la planète tellurique de Proxima croise justement dans la zone habitable de l’étoile, à une distance ni trop proche, ni trop éloignée, autorisant, sous certaines conditions, l’existence d’eau à l’état liquide à sa surface.
L’éruption confirme que cette hypothèse a priori favorable au développement d’une forme de vie semble peu probable. D’autant que des sautes d’humeur de ce type ne sont pas rares à la surface de Proxima Centauri. Malgré tout, les conditions ne sont pas nécessairement aussi extrêmes autour de toutes les naines rouges et certains astronomes suivent la piste de l'habitabilité des planètes qui les accompagnent, notamment parce que certaines semblent posséder beaucoup d'eau.
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