Les traditionnelles sept minutes de terreur, passage obligé de tout vaisseau qui veut se poser sur Mars, se seront finalement déroulées sans anicroche pour Insight. La sonde de la Nasa, lancée en mai 2018, est arrivée comme prévu à près de 20000 km/h dans la fine atmosphère martienne. Pendant trois minutes, son bouclier thermique l’a freinée et protégée de la chaleur extrême (1500°C) due au frottement intense avec l’enveloppe gazeuse de la planète rouge. Puis, son parachute s’est déployé et, trois minutes plus tard, ses rétrofusées se sont allumées pour lui permettre de prendre contact en douceur avec le sol rocailleux et aride de la plaine volcanique d’Elysium, non loin de l’équateur martien, à 20 h 46 (heure légale française).
Comme prévu, le premier signal d’Insight depuis la surface martienne a été reçu sur Terre à 20 h 54, avec huit minutes de retard (en raison du temps de parcours des ondes radio entre les deux planètes, séparées de 146 millions de kilomètres).
Un nouveau paysage martien attendu
La sonde américaine s’est posée dans une plaine dépourvue de reliefs, à quelque 560 km au nord de l’endroit où se trouve actuellement le rover Curiosity. La première image des environs, plutôt monochrome, est arrivée peu de temps après l'atterrissage et a montré le paysage aux alentours : un horizon très plat vu à travers un objectif encore protégé par son cache transparent, lui-même couvert de poussières. Ce cache sera ensuite éjecté afin que la caméra prenne des clichés nets, en couleurs.
Déploiement complet
Insight a atteint la surface sans encombre, mais elle doit encore s’installer. Pour cela, elle doit déployer ses deux panneaux solaires en forme d’éventails. L’opération devrait être réalisée 4 h 30 après l’atterrissage. Les opérations scientifiques pourront alors commencer. Et elles devraient durer au moins deux ans.
Écouter battre le cœur de Mars
Au cours des prochaines semaines, Insight utilisera son bras robot pour déposer à la surface de Mars un sismomètre très sensible construit par la France (par l’intermédiaire du CNES). Cet instrument sera capable d’enregistrer les petits séismes de la planète — s’il s’en produit —, tout comme les secousses dues à des chutes de météorites. L’analyse des ondes sismiques propagées par ces phénomènes nous renseignera sur la structure interne de Mars, jusqu’à son noyau. Cela permettra de mieux comprendre l’histoire géologique de la planète et, peut-être de mieux cerner comment, alors qu’elle ressemblait à la Terre voici 4,5 milliards d’années, elle est devenue aujourd’hui un désert aride et peu actif.
Un autre instrument aura pour but de creuser un forage jusqu’à 5 m de profondeur, tout au long duquel des capteurs mesureront la chaleur qui s’échappe du sol. Cela donnera une indication sur le niveau d’activité tectonique actuel de la planète.
Pour en savoir plus sur l'ensemble de la mission d'Insight, regarder la vidéo de la conférence du géophysicien Philippe Lognonné, l'un des responsables scientifiques de la mission.