Ci-dessous, le clip de la musique composée par Brian May pour New Horizons. Les fans de Queen reconnaitront le son inimitable de la guitare légendaire de Brian May : le Red Special.
Comment est née l’idée de faire une chanson pour le survol d’Ultima Thulé ?
Brian May : Alan Stern m’a contacté il y a cinq mois pour me demander si je pouvais écrire une musique pour le survol d’Ultima Thulé par la sonde New Horizons. Je lui ai répondu que ce serait difficile, car je ne veux pas rien dire qui puisse être faux à propos d’Ultima Thulé [rires]. Plus sérieusement, l’inspiration m’est venue facilement pour composer une musique à propos d’un objet situé dans l’espace. Mais je n’avais pas les paroles.
Cette mission est liée à notre curiosité d’aller explorer l’Univers. Je suis donc parti sur l’idée de faire une chanson sur l’esprit humain, ce besoin d’exploration. J’ai demandé de l’aide à un parolier très connu : Dan Black. Ça l’a beaucoup inspiré. Dès le lendemain je recevais un mail de lui avec deux couplets très courts et simples. Les meilleures idées sont souvent les plus simples ; ce texte parle des nouvelles frontières à explorer.
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans la mission New Horizons ?
Brian May : Ce qui me plaît, c’est la nouveauté. Non seulement c’est un nouveau type de mission, mais vers un nouveau type d’objet. Et puis, je suis là aussi pour ma passion pour la 3D. Je suis déjà venu ici pour le survol de Pluton en 2015 et j’ai eu la chance de pouvoir créer la première image en 3D de Pluton. C’est ma modeste contribution à l’équipe scientifique ici. Ils ont leurs propres équipes, avec les meilleurs experts, ils n’ont pas besoin de moi. Mais je crois qu’ils aiment bien m’avoir par ici car occasionnellement je leur suggère des idées pour créer des choses jamais vues avant, comme les images en 3D. Je ne fais pas vraiment partie de l’équipe, mais Alan Stern m’a donné tout à l’heure un polo avec l’emblème de la mission New Horizons et j’en suis très fier !
S’il y a bien une personne située à l’intersection de l’art et de la science, c’est vous. Quel sentiment vous procure votre participation à ce projet ?
Brian May : J’aurais pu payer pour que l’on me pose cette question ! [rires] Mon esprit est resté à l’époque victorienne. En ce temps-là, il n’y avait pas de distinction entre art et science. Les meilleurs résultats scientifiques sont souvent le fruit de l’instinct et de l’innovation des chercheurs. C’est un processus de création assez comparable à l’art. Il y a aussi une similitude évidente lorsque vous travaillez en équipe. Pour moi, les meilleurs résultats sont souvent le fruit d’interactions avec d’autres personnes. C’est ce qui se passe dans l’équipe de New Horizons, mais c’est aussi ce qui arrive dans un studio d’enregistrement.
Comment s’articulent vos deux passions pour la musique et l’astronomie ? Comment parvenez-vous à concilier les deux ?
Brian May : Ma femme doit penser que je suis fou, car je dors très peu, mais je pense qu’il faut profiter de la vie. La guitare reste centrale dans ma vie. En particulier, la guitare fabriquée par mon père, car à l’époque nous avions peu de moyens, et c’est encore elle qui m’accompagne à travers le monde. Cette guitare m’a tout apporté. Si je n’avais pas été musicien, je n’aurais pas eu la chance d’avoir toutes les opportunités que j’ai eues depuis. Pour moi, c’est un ensemble. On avance dans la vie pas à pas, et parfois un pas vous emmène dans une direction totalement différente de celle que vous aviez imaginée. Le plus important est d’avancer en ayant confiance et en croyant dans ce que l’on fait.