Dernière région céleste que nous vous invitons à explorer depuis votre domicile : l’horizon nord. Pour savoir comment mener à bien vos observations, retrouvez nos conseils au début de l’épisode 1 : le ciel vers l’ouest.
Vers le nord en début de nuit
L’Étoile polaire, pile au nord
Dans l’épisode 3, vers l’est, nous vous indiquions comment identifier la Grande Ourse. Cette constellation facile à reconnaître vous aidera à trouver l’Étoile polaire, l’étoile la plus brillante de la Petite Ourse. Prolongez de 5 fois le bord extérieur de la « grande casserole » (celui opposé au manche), et vous tomberez sur celle que l’on nomme également Polaris.
Regardez l’Étoile polaire plusieurs fois dans la nuit. Surtout, prenez un repère de l’endroit d’où vous l’observez à l’œil nu. Et aussi un repère proche de l’étoile (poteau, arbre, immeuble). Quelle que soit l’heure, l’Étoile polaire n’aura pas changé de place (en réalité, un peu, mais très peu). C’est qu’elle se trouve presque exactement dans la direction de l’axe de rotation de la Terre sur elle-même. Donc, toutes les autres étoiles tournent autour elle au cours de la nuit, mais elle ne bouge pas !
Faites la même expérience en pointant une lunette dans sa direction. Équipez-la d’un oculaire à faible grossissement (entre 20 et 35x) et laissez l’instrument orienté ainsi (sans utiliser de moteur d’entraînement si vous avez une monture motorisée). Revenez quand vous voulez. Et observez. Vous noterez comment la Polaire s’est déplacée dans le champ. Si elle en est sortie, c’est que le grossissement est un peu trop grand pour cette expérience. Mais il y a fort à parier qu’elle sera toujours là. Au besoin, servez-vous du chercheur de votre instrument dont le réticule vous fournira un repère encore plus précis.
Sachez enfin que la Polaire est une étoile variable de type céphéide — car la première découverte a été Delta Cephei, dont nous parlons juste après. C’est la plus proche de toutes (431 années-lumière) et c’est grâce à ces étoiles que les astronomes mesurent les distances dans l’Univers.
Delta Cephei, un modèle d’étoile variable
Dans la constellation de Céphée, l’étoile Delta voit son éclat varier tous les 5,366 jours. En raison de pulsations qui font changer son diamètre de façon régulière, l’astre passe de la magnitude 3,6 à la magnitude 4,3 selon ce cycle. C’est d’ailleurs d’elle que vient l’appellation de céphéide attribuée à ce type d’étoiles variables dont la Polaire fait partie.
Delta Cephei se trouve à plus de 800 années-lumière. Son dernier minimum d’éclat s’est produit le 25 mars 2020. Puis en un jour et demi, son éclat a grimpé en flèche pour atteindre un maximum le 27 mars, en milieu de journée ; il fait jour, mais on peut toujours observer le soir venu, car l’étoile aura encore très peu perdu de son éclat. Maxima suivants : le 1er avril en première partie de nuit, puis le 7 avril en toute fin de nuit.
En milieu de nuit
L’étoile Rhô de Cassiopée
Bételgeuse (lire épisode 1) n’est pas la seule étoile qui risque d’exploser en supernova. Rhô de Cassiopée est également dans ce cas. C’est même probablement une meilleure candidate. L’étoile, discrète, est visible à l’œil nu sur le côté droit du célèbre W formé par la constellation circumpolaire. Sous un ciel urbain, des jumelles sont d’une aide précieuse pour bien voir cette hypergéante jaune distante de plus de 8000 années-lumière. Cela fait d’elle, probablement, l’étoile la plus lointaine visible à l’œil nu.
Quarante fois plus massive que le Soleil, Rhô de Cassiopée est sujette à des instabilités qui la conduisent, environ tous les 50 ans, à éjecter brusquement de grandes quantités de matière. La dernière fois a eu lieu en 2000, et l’astre avait relâché dans l’espace l’équivalent de 10 000 fois la masse de la Terre. À ce moment-là, tout comme cela est arrivé à Bételgeuse, son éclat peut chuter de 1,5 magnitude à cause de l’obscurcissement créé par le gaz et la poussière éjectés. Surveillez-la !
Le double amas de Persée
Il y a au moins une merveille céleste à tenter d’observer en direction du nord : le double amas de Persée. Celui-ci ne se présente pas dans les meilleures conditions, car il est assez bas sur l’horizon. Mais cela vaut mieux que rien ! Visible à l’œil nu en campagne, cet amas ouvert se révèle en ville dans des jumelles sous la forme de deux nuages laiteux collés l’un à l’autre. Sous un ciel exempt de lumière parasite, la vision est alors fantastique.
Depuis une fenêtre ouverte située en ville, c’est déjà bien si vous le discernez comme une tache assez étendue et ovalisée. À la lunette et au télescope, vous percevrez les étoiles qui composent les amas NGC 869 et 884. Chacun mesure environ 1000 années-lumière de diamètre. Si on les voit collés, c’est par pur effet de perspective, car 2000 années-lumière les séparent en réalité. Le plus proche des deux est, lui, à 7200 années-lumière de la Terre. Dans tous les cas, ne grossissez pas plus de 25 x si vous voulez que les deux jumeaux restent visibles dans le même champ. Certaines de leurs étoiles, plus âgées que d’autres, offrent des colorations orangées.
Avant l’aube
Un dernier regard vers le ciel avant que le Soleil ne se lève. Vous vérifierez que l’Étoile polaire n’a pas bougé, mais que les constellations remarquables comme Cassiopée et son W, ou encore la Grande Ourse ont tourné autour d’elle. La « grande casserole » qui se trouvait en début de soirée sur sa droite, au nord-est, est désormais à sa gauche, dans la direction du nord-ouest, manche vers le haut.
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