Le 9 décembre 2023, la comète de Halley se trouve à 5,3 milliards de kilomètres du Soleil. Elle a atteint son point le plus lointain de son orbite (appelé aphélie). Après sa plus grande distance à la Terre le 29 juillet 2023 (lire Ciel & espace n°589 p. 21), elle entame donc son retour vers le Système solaire interne. Mais comme elle se trouve au plus loin de son orbite très elliptique, elle se déplace très lentement : 0,9 km/s actuellement. A ce rythme, elle va demeurer encore longtemps dans la constellation de l'Hydre, à une quinzaine de degrés à l'est de la très brillante étoile Procyon du Petit Chien.
Avec une période de 76 ans, la comète de Halley est la première dont le retour a été prédit par l’astronome britannique Edmund Halley, en 1705. La dernière fois qu’elle est passée relativement près de la Terre, c’était en 1985-86.
Disponible sur notre boutique web et en kiosque (où le trouver ?)
L’Almanach du ciel 2024, le nouveau hors-série de Ciel & espace
Depuis, l’astre chevelu dont le noyau a été le premier photographié de près par la sonde européenne Giotto en 1986 (il mesure 11 km de diamètre), n’a cessé de s’éloigner. Au point de devenir rapidement invisible au télescope.
2003 : la dernière photo de la comète
En mars 2003, les astronomes de l’Observatoire européen austral (ESO) l’ont toutefois photographiée avec l’un des télescopes de 8,2 m de diamètre du Very Large Telescope (VLT), au Chili. Elle croisait alors à 4,2 milliards de kilomètres du Soleil et ne brillait que d’une très modeste magnitude 28,2. Il avait fallu 9 heures de pose cumulées pour la révéler difficilement sur le fond du ciel. À présent, elle est encore plus faible, avec une magnitude qui doit avoisiner 35, donc impossible à révéler, même avec le plus grand télescope du monde… Il faudra attendre quelques années avant d’avoir une nouvelle photo de l’astre glacé.
Prochain passage à l'été 2061
La comète de Halley revient donc lentement pour nous rendre une nouvelle visite en 2061. Elle sera au plus près du Soleil fin juillet. Pour les observateurs de l’hémisphère Nord, elle devrait être bien visible fin mai dans le crépuscule matinal, et plus difficilement le soir, au ras de l’horizon ouest, après la mi-juin et en septembre. Les conditions seront plus optimales à basses latitudes boréales ou dans l’hémisphère Sud.
La vieille dame qui avait vu la comète deux fois
Avec une période de 76 ans, rares sont les personnes à avoir pu observer la comète au cours de deux passages successifs. L’astronome amateur Olivier Gadal se souvient avoir rencontré l’une d’elles en 1985 et lui avoir permis de voir la comète grâce à son télescope de 150 mm. Il avait alors 16 ans et participait à une opération de vulgarisation de l’astronomie dans plusieurs villages avec le club de Carcassonne Alpha Centauri : « Mon meilleur souvenir de cette comète est le suivant : c'était courant décembre 1985, un soir à Belvèze du Razès, dans l'Aude, juste après la projection au public d'un diaporama d'astronomie. Nous avions installé deux télescopes dont le mien, à peine à l'écart des lumières du village, mais il y faisait suffisamment sombre. La vingtaine de personnes présentes défilaient une à une pour mettre l'œil à l'oculaire et voir la comète. Une dame s'approche du télescope, avec à son bras sa grand-mère. La dame lui dit, « Vas-y, c'est là qu'il faut regarder... » Et elle regarde, elle était contente. Quelques secondes après, elle relève la tête et me dit : “Je l'ai vue en 1910”, d'un air attendrissant, et ravie, des étoiles dans les yeux... Elle a ajouté : “Mais on la voyait brillante et grande dans le ciel .”». En effet, lors de son passage de 1910, l’astre était passé près de la Terre, sa queue ayant même balayé notre planète, et il était aisé de l’observer à l’œil nu.
Plus qu’une demi-orbite à patienter pour tenter d’apercevoir à nouveau la plus célèbre des comètes…