La France est le pays des lumières… éteintes ! Mesurée depuis l’orbite terrestre, la quantité de lumière artificielle émise la nuit depuis l’Hexagone a connu une baisse de 25,4 % de 2022 à 2023. C’est ce que montre le bureau d’études français DarkSkyLab. « Un score exceptionnel qui n’a pas d’équivalent ailleurs dans le monde », se réjouit Sébastien Vauclair, fondateur de cette société spécialisée dans la mesure et l’analyse de la pollution lumineuse causée par les éclairages artificiels. Un phénomène qui, à l’échelle de la planète, est en hausse.
Le score français est d’autant plus remarquable que cette baisse importante se produit à la suite d’une diminution moyenne de 2,5 % par an de 2015 à 2022. « La France est le seul pays au monde où la baisse est installée durablement. Ailleurs, d’importantes fluctuations d’une année sur l’autre peuvent survenir, dues à un événement géopolitique comme une guerre, ou une situation sanitaire comme l’épidémie de covid », note Sébastien Vauclair. Plongée dans le noir au début de la guerre, l’Ukraine semble avoir rallumé certaines de ses lumières de 2022 à 2023.
Découvrez en exclusivité la une du prochain Ciel & Espace !
Dans ce numéro d'été, nous décryptons les raisons de cet exemple français en matière d'extinction des lumières.
Parution en version numérique le 1er juillet 2024. En kiosque le 12 juillet 2024.
« En France, la radiance [quantité de lumière, NDLR] a baissé parce que la quantité d’éclairage public a diminué », explique l’expert. En effet, un nombre croissant de communes éteignent pendant plusieurs heures chaque nuit leurs lampadaires et autres points lumineux. Dans le Ciel & Espace n° 596 à paraitre le 12 juillet 2024, nous décryptons les raisons politiques et sociales de cet exemple français, tout en vous indiquant les meilleurs endroits du pays où admirer les étoiles pendant l’été. La France compte cinq réserves de ciel étoilé plus deux autres en projet dans lesquelles les journalistes de Ciel & Espace se sont rendus.
Et en soirée ?
Pour ses mesures, DarkSkyLab s’est basé sur les données publiques de trois satellites de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), qui photographient la Terre en lumière visible et infrarouge en milieu de nuit. Avec pour bémol un manque de sensibilité aux lueurs bleues émises par les LED, de plus en plus répandues. Ces données ne présagent pas non plus de la quantité de nuisances lumineuses en extrémités de nuit (avant et après extinction). « C’est pourtant pendant ces plages horaires crépusculaires que de nombreuses espèces animales sont actives », commente Sébastien Vauclair.
Bien que l’extinction soit la solution la plus efficace pour préserver la nuit, il est aussi possible d’opter pour des éclairages moins intenses, moins bleus et orientés vers le bas. Et de permettre ainsi de contempler à nouveau les étoiles au-delà.