Le 10 novembre 2020, lors d’une téléconférence de presse, la Nasa a annoncé que la mission Mars Sample Return (MSR) a été approuvée par un comité indépendant, le MSR Independent Review Board (IRB). Tous les feux sont donc au vert pour l’ambitieuse mission de retour d’échantillons martiens. Son lancement devrait néanmoins être reporté de deux ans.
Trois lancements pour récupérer des échantillons martiens
La mission, menée en collaboration avec l’agence spatiale européenne (ESA), a déjà débuté, mais elle comprend encore de nombreuses étapes cruciales. Actuellement en route vers Mars, le rover Persévérance doit collecter des échantillons de roche au fond du cratère Jezero et les déposer à la surface de la planète, à l’abri dans des petits tubes hermétiques. Deux autres lancements sont à suivre : avec la mission Sample Retrieval Lander, la Nasa doit envoyer un atterrisseur qui déploiera le rover Sample Fetch Rover (SFR), de conception européenne, dont l’objectif est de ramasser les échantillons laissés par Persévérance. À l’issue d’un périple de 15 à 20 km, SFR rapportera ceux-ci sur l’atterrisseur, capable de redécoller vers l’orbite martienne. L’engin sera ensuite intercepté par un orbiteur envoyé par l’ESA, via la mission Earth Return Orbiter. Enfin, l’orbiteur rapportera vers la Terre les précieux échantillons.
Concept de la mission Mars Sample Return. © ESA/NASA
« Nous sommes unanimes : la Nasa et l’ESA sont prêtes à relever le défi de cette mission, qui revêt un potentiel extraordinaire pour des découvertes majeures », a déclaré David Thompson, le président du comité. Dans son rapport accessible sur le site de la Nasa, le comité fait tout de même 44 recommandations pour optimiser les chances de succès d’une mission jugée « extrêmement ambitieuse et difficile ».
Délai trop court, budget trop serré
Notamment le délai de lancement, initialement prévu d’ici 2026, est jugé trop court par le comité, qui conseille un décollage entre 2026 et 2028. Lors de la conférence, les experts ont toutefois indiqué qu’après 2028, les possibilités de lancement s’amenuisent, du fait de la position des planètes, mais aussi du changement de saison sur Mars.
Trop court également : le budget, actuellement estimé entre 3,8 et 4,4 milliards de dollars. Les experts recommandent de viser la fourchette haute, voire de doter MSR d’un milliard supplémentaire. Ce qui implique, estiment-ils, d’augmenter de façon significative le budget alloué à la Nasa pour l’année fiscale 2022-2023.
Dans son rapport, le comité insiste également sur l’importance de la protection planétaire. Ici, le risque soulevé n’est pas tant celui de contaminer Mars avec des pathogènes terrestres que de contaminer notre planète avec d’éventuels pathogènes martiens, qui pourraient résider dans les échantillons collectés. Thomas Zurbuchen, administrateur associé et responsable de la science à la Nasa, a assuré qu’une attention extrême serait donnée lors du stockage et du transport des échantillons, les premiers jamais collectés par l’homme à la surface d’une autre planète.
Découvrez le détail de la mission de retour d'échantillons martiens dans notre dossier complet du Ciel & espace 574 de décembre 2020-janvier 2021, en kiosque le 13 novembre.
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