L’affaire a des airs de poésie homérique. Hera la femme de Zeus, frôlant Deimos, fils d’Arès et Aphrodite, en chemin vers le héros athénien Didymos… Mais c’est bien une manœuvre spatiale qu’a réalisée l’Agence spatiale européenne le 12 mars 2025. Cinq mois après son départ, la sonde Hera a survolé la planète Mars (Arès chez les Grecs) tout en passant à 1000 km de son satellite Deimos.
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Actionnant trois de ses instruments, l’engin a pris plus de 1000 photos, immortalisant la plus petite des deux lunes martiennes. Celle-ci n’excède guère 13 km de large, contre 27 km pour Phobos. En arrière-plan de Deimos, la surface de Mars exhibe le vaste bassin d’impact Hellas Planitia. Proche du pôle Sud, il est visible en bas à droite, d’un gris plus clair que le reste de la planète.
Lune loin et lisse
Deimos est également la lune la plus éloignée de Mars, si bien que la plupart des missions en orbite rapprochée autour de Mars ne peuvent en voir qu’une seule face. En effet, comme la Lune autour de la Terre, l’astre est verrouillé par les lois de la gravitation et présente toujours la même face à sa planète. Outre un survol spectaculaire, à 100 km à peine, par la mission Hope en mars 2023, les clichés de la face cachée de Deimos sont rares. L’apparence lisse de sa surface est due à une grande quantité de poussière, ou régolithe, mise en évidence par les missions Viking au milieu des années 1970.
Se poser sur Dimorphos
En survolant Mars, Hera a bénéficié d’une assistance gravitationnelle lui permettant d’infléchir sa trajectoire jusqu’à l’astéroïde double Didymos-Dimorphos, tout en économisant du carburant. En octobre 2026, elle doit inspecter l’état dans lequel la mission Dart a laissé l’astéroïde après l’avoir sciemment percuté. Et notamment poser un minisatellite à sa surface.
