Parmi les journalistes du monde entier présents au Kennedy Space Center, en Floride, pour couvrir le lancement de la mission Artemis 1, il y a ceux qui ont vécu les missions Apollo. Il y a aussi ceux qui ont assisté aux décollages des navettes spatiales. Et il y a les autres, les plus nombreux, qui n’ont jamais vu s’élever un vaisseau spatial aussi imposant. Mais tous sont dans l’attente de cet événement, prévu pour le lundi 29 août 2022 à 8 h 33 du matin heure locale (14 h 33 en France), qui doit ouvrir une nouvelle ère dans l’exploration humaine de la Lune.
Suivez le décollage en direct sur Facebook, Twitch et YouTube grâce à Ciel & espace
Le décollage du SLS sera diffusé en direct dès 13h30 (voire 12 h 30 si possible) sur la page Facebook et les chaînes Twitch et YouTube de Ciel & espace par nos envoyés spéciaux en Floride.
Certes, la capsule Orion, qui se trouve au sommet de ce lanceur de 98,6 m de haut et de 2600 tonnes (avec son carburant), n’aura aucun astronaute à son bord pour aller contempler la face cachée de notre satellite naturel. Et il s’agit d’un vol d’essai. Mais la promesse est là, placardée sur de grandes bannières dans le centre spatial Kennedy « We are going » (nous y allons). Le slogan produit en tout cas son impact sur la population puisque plus de cent mille personnes sont attendues sur la côte est de la Floride pour assister au premier acte du programme lunaire américain Artemis.
Incertitude météo
L’attente risque d’être difficile car, depuis le 24 août, quotidiennement, voire plusieurs fois par jour, cette région de la Floride est arrosée d’orages tropicaux assez intenses. Le 26 août en fin d’après-midi, les paratonnerres qui entourent l’aire de lancement 39B, où se trouve la fusée depuis le 17 août, ont été touché par trois impacts de foudre. Et une tornade a commencé à se former à partir d’un gros nuage noir… Ce régime météo n’entame pas l’optimisme de Bill Nelson. L’administrateur de la Nasa nous a déclaré la veille : « Il y a 30% de risques de mauvais temps, ce qui signifie 70% de chances de météo favorable. »
À cette heure, le lancement reste fixé le 29 août 2022 au matin, avec une statistique à peu près identique à celle indiquée plus tôt par Bill Nelson.
Décision de lancer ou non 9 h 40 min avant l’heure prévue
La nature difficilement prévisible de la météo en cette saison en Floride pourrait faire durer le suspense jusqu’à 9 h 40 min avant l’instant du décollage (soit 22 h 53 locales le 28 août, ou encore 4 h 53 en France). En effet, à ce moment, le compte à rebours doit être arrêté pour un point météo. Mais aussi un état des lieux de tous les systèmes nécessaires pour remplir les réservoirs d’hydrogène et d’oxygène liquides (à -253°C) de la fusée Space Launch System (SLS). Si le feu vert est donné, à H – 8 h, le remplissage commencera. L’opération doit durer trois heures. Ensuite, plusieurs ajouts de carburant seront effectués jusqu’à l’heure du décollage pour combler les pertes dues à l’évaporation et maintenir le niveau à son maximum.
Les quinze dernières minutes avant la mise à feu
Le décompte sera arrêté une première fois pendant 30 min à H – 40 min. Puis une dernière fois à H – 15 min : à cet instant, la directrice de vol, Charlie Blackwell-Thompson, passera en revue tous des contrôleurs de la mission pour s’assurer que tous affichent un voyant vert. Un seul rouge suffit à repousser le lancement. En fonction du problème, cela peut être plus tard dans la fenêtre de tir (qui s’achève à 10 h 33, soit 16 h 33 en France) ou bien au 2 septembre 2022.
Parmi les contrôleurs se trouve Philippe Deloo, de l’Agence spatiale européenne (ESA). Il est responsable du module de service du vaisseau Orion, l’ESM (European Service Module). En cas de problème sur cet élément, il peut donc suspendre le lancement jusqu’à sa résolution.
Si tous les voyants sont verts, la chronologie redémarre et, à moins d’une anomalie, ne doit plus s’arrêter jusqu’à l’instant du lancement.
Le lancement et les minutes qui suivent
La fusée SLS est propulsée au décollage par quatre moteurs RS-25 à hydrogène et oxygènes liquides situés à la base de l’étage principal, de 8,4 m de diamètre et de couleur orange. Ces quatre moteurs s’allument en une fraction de seconde dans un ordre bien précis : le numéro 1 d’abord, puis le 3, et enfin le 2 et le 4. Chacun de ces moteurs a déjà effectué plusieurs missions spatiales. En effet, ils équipaient les navettes spatiales américaines. Le plus âgé, le 1, a volé 12 fois. Le plus récent, le 4, 3 fois.
Six secondes après que l’allumage des moteurs, les deux propulseurs à poudre de couleur blanche qui flanquent l’étage principal sont mis à feu. Contrairement aux RS-25, ils ne peuvent pas être éteints et le décollage doit avoir lieu.
Comme pour la navette spatiale, le départ est assez rapide en raison du surplus de puissance donné par les boosters à poudre. Par sa poussée, la fusée SLS est la plus puissante jamais construite, même si elle ne permet pas d’envoyer autant de masse en orbite lunaire que la Saturne 5 du programme Apollo (27 à 38 tonnes pour ses deux versions initiales, contre 45 tonnes pour Saturne 5).
L’illustration ci-dessous détaille la suite de la chronologie à compter de l’instant du décollage jusqu’à la fin de l’insertion sur la trajectoire lunaire, 1 h 37 plus tard. À cet instant, le voyage vers la Lune aura vraiment commencé. Le « We are going » ne sera plus un simple vœu. Il restera à faire le tour de la Lune et, au bout de 42 jours dans l'espace, revenir sur Terre pour la phase cruciale du vol : le test du bouclier thermique de la capsule Orion, lors de sa rentrée atmosphérique à une vitesse proche de 40000 km/h.
Un lancement à suivre grâce à Ciel & espace
Le décollage du SLS sera diffusé en direct dès 13h30 (voire 12 h 30 si possible) sur la page Facebook et les chaînes Twitch et YouTube de Ciel&Espace par nos deux envoyés spéciaux au centre spatial Kennedy, en Floride.