Jamais les anneaux de Netpune n’avaient été vus si distinctement depuis le survol de la sonde Voyager 2 en 1989. Taillé pour sonder les profondeurs de l’Univers, le James Webb Space Telescope (JWST) n’est pas en reste quand il s’agit des objets du Système solaire. Bien qu’ultrasensible, ce télescope de 6,5 m piloté par la Nasa et l’ESA voit Neptune très sombre. Il l’observe en effet dans l’infrarouge et, dans cette partie du spectre, la planète est dominée par les bandes d’absorption du méthane. Ce gaz lui donne d’ailleurs sa teinte bleue si caractéristique dans le spectre visible. Et elle lui a valu son nom : le dieu de la mer.
Le JWST sonde la météo méconnue de Neptune
L’autre avantage d’observer dans l’infrarouge est de fortement accentuer les détails visibles dans l’atmosphère. On note ici de nombreuses tempêtes et une activité marquée sur l’équateur. On voit ici à quel point un tel télescope est précieux pour la science car la météo de Neptune est encore très mal connue et reste très difficile à suivre pour les télescopes au sol.
Mais où sont les arcs chers à André Brahic ?
Il faut souligner que les quatre anneaux principaux sont bien visibles, ils ont été codécouverts par le regretté André Brahic. L’astrophysicien français avait par ailleurs proposé de dénommer Liberté, Egalité, Fraternité et Courage, quatre arcs plus denses visibles dans l’anneau Adams, c’est-à-dire l’anneau le plus extérieur. Si celui-ci n’apparait pas tout à fait homogène dans l’image du JWST, ses quatre arcs ne se montrent pas de façon évidente. Peut être ont-ils évolué, ou peut-être encore que l’image du JWST n’est pas assez résolue pour les dévoiler de façon aussi évidente que Voyager. Voilà une question qui donnera du grain à moudre aux astronomes dans les mois qui viennent.
Une perspective vertigineuse.
Cette image reste une prouesse, car Neptune est la dernière planète du Système solaire. Elle est située à 4,3 milliards de kilomètres, soit plus de 10 000 fois la distance Terre-Lune. Lorsqu’un télescope pointe dans cette direction, il cherche à résoudre un disque aussi petit qu’une pièce de 1€ placée à 2 km.
Dans les images livrées par le JWST en pointant Neptune, la plus étonnante est le champ large montrant la planète avec des galaxies à l’arrière-plan. Le télescope tire parfaitement partie de la faible luminosité de Neptune en infrarouge par rapport à celle des objets pourtant distants de plusieurs milliards d’années-lumière. Il est intéressant de noter d’ailleurs que juste au-dessus de Neptune, le point très lumineux est le satellite Triton.
C’est un objet glacé très comparable à Pluton et sa surface est réfléchissante même en infrarouge, si bien qu’il sature le capteur. Notez aussi les aigrettes autour de l’objet. Il s’agit de la diffraction de la lumière sur la forme hexagonale du miroir. Les jonctions entre les 18 segments du miroir produisent, elles aussi, de la diffraction. Une 7e aigrette de diffraction verticale est causée par le mât supportant le miroir secondaire du télescope.
Vivement que le JWST vise Uranus, Saturne et même Pluton pour compléter son tableau de chasse dans le Système solaire externe !