Épisode 17 : Mission Proxima !
« Voilà, j'ai enfin pu annoncer le nom que j'ai choisi pour ma mission de six mois sur l'ISS. Ce sera Proxima. Comme je l'ai expliqué lors de la conférence de presse du 12 novembre 2015 au ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ce nom — qui vient de Proxima du Centaure, l'étoile la plus proche du Soleil — est d'abord une métaphore de l'exploration spatiale. Un jour, dans très longtemps, nous l'atteindrons peut-être...
Je voulais aussi que le nom de ma mission soit un nom d'étoile ou de constellation, car c'est presque une tradition chez les astronautes français ! Le vol de Michel Tognini en 1992 s'appelait Antarès. Celui de Jean-Pierre Haigneré l'année suivante était Altaïr, avant Perseus en 1998. Claudie Haigneré a volé avec Cassiopée en 1996 et Andromède en 2001. Léopold Eyharts avait Pégase pour nom de mission en 1998, et je voulais m'inscrire dans cette filiation.
Un nom choisi parmi les propositions du public
Enfin, Proxima, c'est la proximité avec les gens. J'ai la chance de participer à l'exploration spatiale, mais je veux que ce soit au nom de tous. C'est aussi pour ça que j'utilise tant les réseaux sociaux. J'adore faire partager mon quotidien d'astronaute, et surtout expliquer à quoi tout cela sert. Je veux que les gens comprennent. C'est peut-être parce que je viens d'une famille de profs ! Je crois aussi que, plus jeune, j'aurais adoré avoir accès à tout ça.
Ce qui est amusant, c'est que Proxima ne figurait pas dans la liste de quatre ou cinq noms que me proposait l'Agence spatiale européenne (ESA), à partir des 1300 propositions du public. C'est moi qui l'ai repérée en lisant l'intégralité des propositions. On la doit à un jeune Toulousain de 13 ans.
Je me suis aussi beaucoup investi dans la réalisation du logo. Je ne prends pas ça à la légère, c'est ma mission ! J'ai interagi pendant un mois et demi avec une graphiste. Au final, nous avons retenu huit idées différentes. J'en garde quelques-unes pour mes prochaines missions, qui sait... En tout cas, comme je suis pointilleux, limite maniaque, tous les détails ont un sens dans ce logo. Les segments qui partent du centre évoquent évidemment le voyage spatial, la « vitesse-lumière » des films de science-fiction !
Avec un X, comme inconnu
Le X de Proxima, au centre, représente l'inconnu. Et on remarque que les cercles concentriques s'éclaircissent au fur et à mesure qu'on se rapproche du centre (alors qu'en général on fait l'inverse). Ce bleu clair symbolise la Terre. Si nous explorons l'espace, c'est pour le bénéfice de la Terre et des Terriens. Il y a enfin ces trois segments bleu/blanc/rouge qui représentent notre pays. Dernier détail, le logo est rond, comme celui des tous mes collègues astronautes de la promotion 2009.
Je suis à Moscou depuis deux semaines, où j'ai repris l'entraînement sur le simulateur Soyouz. Cela revient à refaire tout l'entraînement suivi en tant que doublure d'Andy Morgensen avant l'été. À ceci près que moi, je volerai sur un nouveau modèle de Soyouz, le « MS ».
Changement de véhicule… spatial
Dans le simulateur, le contrôle du véhicule n'est pas tout à fait le même que ce à quoi j'étais habitué. J'imagine que c'est à peu près comme passer d'une voiture de course à une autre voiture de course. Mais on s'y fait vite ! La prochaine fois, je vous raconterai mon stage dans un hôpital, au service des urgences. Eh oui, cela fait aussi partie de l'entraînement d'un astronaute. »
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