Le journal de Thomas Pesquet (24) : Baïkonour toujours

Crédit : GCTC
L'astronaute Thomas Pesquet deviendra en novembre 2016 le dixième Français à voler dans l'espace. Chaque mois, il raconte les coulisses de son entraînement aux lecteurs de « Ciel & Espace ». Découvrez le quotidien de celui qui s'apprête à vivre six mois sur orbite à bord de la station spatiale internationale (ISS).

Épisode 24 : Baïkonour, toujours

« Aujourd’hui, je quitte Moscou pour Houston. Peggy, Oleg et moi venons de passer deux semaines à Baïkonour pour assurer notre rôle de doublure de l’équipage qui vient de s’envoler vers l’ISS. Nous devions être prêts à les remplacer en cas de problème.

Lorsqu’on est une doublure – et pour moi, c’est la deuxième fois ! –, le séjour à Baïkonour est à mi-chemin entre les vacances et la cage dorée. D’un côté, c’est assez relax : il fait très beau au Kazakhstan en été et, si nous devons suivre la même préparation finale que l’équipage principal, vérifier nos sièges comme eux, etc., l’enjeu n’est pas le même psychologiquement. Nous savons que nous ne partons pas.

D’ailleurs, dans les faits, Anatoli, Takuya et Kathleen étaient beaucoup plus occupés que nous. Ils avaient des tas de petites choses à finaliser, par exemple fournir leur liste des 128 adresses mails autorisées, compléter leur playlist de musique MP3, vérifier les bagages qu’ils emportent dans le Soyouz... Tout ça ne nous concernait pas.

Le revers de la médaille, c’est que pendant tout ce temps, nous sommes quand même en quarantaine ! Pour éviter une contamination et tomber malade avant le lancement, l’équipage de doublure et bien sûr l’équipage principal doivent réduire leur interaction avec les autres. La quarantaine ne prend fin pour nous que lorsque l’équipage principal entre dans la fusée.

Dix jours avant le lancement, les équipages de doublure viennent faire une visite au musée de Baïkonour,
pour une photo en costume dans la salle consacrée à la culture kazakhe. ©GCTC

Un nouveau Soyouz à tester

Le lancement de ce 7 juillet 2016 est particulier puisque c’est le premier d’une nouvelle version du Soyouz. Les Russes veulent faire plusieurs tests du véhicule sur orbite. Le vol d’Anatoli, Takuya et Kathleen durera donc deux jours plutôt que six heures, comme c’est le cas depuis 2012. Idem pour le tir prévu en septembre 2016. En novembre, notre vol ne devrait durer que six heures. Sauf si les ingénieurs russes décident de nouveaux tests.

Peggy, qui a déjà volé sur le Soyouz à l’époque où le voyage durait deux jours, ne tient pas vraiment à revivre l’expérience. Il paraît que deux jours dans le Soyouz, c’est d’un ennui à mourir ! Entre la phase de lancement et la phase d’approche de l’ISS, il n’y a pas grand-chose à faire. On est lancé en mode balistique, façon boulet de canon.

Et on ne peut même pas contempler la Terre par le hublot ! Comme le Soyouz tourne lentement sur lui-même, c’est le meilleur moyen d’avoir mal au cœur. En plus, on dort assez mal puisque les phases de sommeil et de veille (on passe deux « nuits » dans le Soyouz) sont calées non pas sur notre physiologie, mais en fonction des survols du territoire russe. De toute façon, en orbite, on passe du jour à la nuit (et inversement) toutes les 45 minutes…

Une chose amusante que peu de gens savent : quand le voyage vers l’ISS dure deux jours, les astronautes ont le temps d’enlever le scaphandre et les gants qu’ils portent au décollage, et de les faire sécher pendant le vol. Ils les remettent avant l’arrimage à la station.

On se retrouve en août ! »

 

Découvrez l’épisode 25 : Derniers jours à Houston

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