Épisode 26 : Le temps des examens
« La date de lancement vient d’être confirmée : Peggy, Oleg et moi nous envolerons bienle 15 novembre 2016 vers la station spatiale internationale (ISS). Dans quelques semaines, je serai donc dans l’espace !
Pour le moment, nous sommes tous les trois à la Cité des étoiles, pour passer les sept examens finaux qui nous qualifieront définitivement pour voler sur le Soyouz et vivre à bord de l’ISS. Les examens comptent bien sûr la simulation détaillée d’un voyage aller-retour vers la station — avec toutes les procédures à suivre depuis le lancement à Baïkonour jusqu’au retour sur Terre —, mais portent aussi sur les équipements de l’ISS. Car ce ne sont pas les mêmes selon que l’on est dans un module russe ou dans un module américain. Les Russes, par exemple, utilisent du 28 volts, quand les Américains sont sur 120 V. Les extincteurs ne sont pas identiques, etc.
Les examens devraient bien se passer. Comme la tradition l’exige, ils se termineront par une commission finale pendant laquelle chacun de nous s’entendra dire solennellement qu’au vu de ses notes aux examens, il est apte à voler dans le Soyouz et l’ISS (sous-entendu : on veut bien vous les prêter, mais sous réserve que vous ne nous les abîmiez pas !). Cette cérémonie se déroule en présence de toutes les parties prenantes de la mission, avec qui nous avons partagé deux ans d’aventures communes. C’est un peu le banquet final des albums d’Astérix !
Courir en apesanteur
Avant mon arrivée à Moscou en début de semaine, j’ai passé quinze jours au Centre des astronautes européens (EAC), à Cologne, pour travailler sur les expériences scientifiques que je mènerai dans le module Colombus et réaliser divers examens, médicaux cette fois ! J’ai notamment utilisé la chaise MARES, une machine incroyable capable de prendre toute une série de mesures physiologiques au niveau des muscles de la jambe. Les miens ont d’ailleurs dû y recevoir 160 chocs électriques en trois jours... C’est pour la science : le but est de mieux comprendre l’atrophie musculaire que l’on subit en orbite, et éventuellement la corriger.
Plus amusant, je me suis aussi entraîné sur l’étonnant tapis roulant de l’EAC, qui permet de courir sans avoir à porter tout son poids. Dans l’ISS, nous devons faire de la course à pied pour nous maintenir en forme. Mais comme nous sommes en apesanteur, nous devons nous attacher avec des sangles qui nous plaquent sur le tapis pour simuler notre propre poids. En réalité, nous courons plutôt avec 70 % de notre poids. Nos performances en orbite sont donc très flatteuses !
Le tapis roulant de l’EAC permet de reproduire au sol les conditions que nous rencontrons dans l’ISS, mais cette fois en nous allégeant un peu. C’est très agréable de courir dans ces conditions. En revanche, on se sent vraiment lourd quand on descend du tapis ! Ce sera pire dans quelques mois : tous mes collègues m’ont raconté que lorsque l’on court pour la première fois sur Terre après un séjour dans l’espace, on a l’impression d’être un éléphant. »
Rendez-vous début novembre pour l’épisode 27...
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