Épisode 4 : Gros bras
Je sais désormais manipuler le bras robot de la station, l’imposant Canadarm 2 et ses 17 m de long. J’ai passé tout le mois de septembre au centre spatial de Houston pour m’initier à son pilotage. C’est un équipement important, sans lequel beaucoup de choses seraient difficiles, voire impossibles à faire à l’extérieur de l’ISS. À l’ESA, j’avais déjà eu un entraînement sur un simulateur de bras robot “générique”. Histoire de me familiariser avec ce genre de pilotage — pas du tout intuitif ! — où nos repères dans l’espace sont modifiés. J’avais aussi suivi une formation théorique auprès de l’agence spatiale canadienne, qui l’a construit.
Mais cette fois, les conditions étaient plus réalistes. Nous avons répété des situations que nous serons amenés à vivre dans la station, pour lesquelles le bras est utilisé en support de sorties extravéhiculaires (pour déplacer les astronautes dans des zones difficiles à atteindre, par exemple). Il me restera à apprendre à capturer les modules qui ravitaillent l’ISS, comme Dragon ou Cygnus.
Le bras se pilote avec deux joysticks : l’un qui commande les mouvements de rotation, et l’autre, les mouvements de translation. Un peu comme dans un cockpit d’avion de ligne, il faut deux personnes pour le piloter : l’une est aux manettes, et l’autre prend en charge les procédures, les communications avec le centre de commande au sol. Elle surveille aussi les écrans qui permettent de suivre le mouvement du bras. Pour ça, deux paires d’yeux valent mieux qu’une !
Responsable “support-vie”
Mon mois à Houston a aussi été l’occasion de passer tous mes examens sur les systèmes de l’ISS. Il y a trois niveaux de qualification : utilisateur (on doit le passer pour tous les modules de la station), opérateur (indispensable pour travailler dans un module) et spécialiste (là, on est capable de réparer ce qui casse !). J’ai été désigné comme “spécialiste” pour les systèmes de support-vie. Lors de ma mission en 2016, je devrai être capable de réparer tout ce qui concerne l’oxygène, l’eau, le gaz, et je serai responsable de la maintenance des scaphandres.
Dans mon planning (fixé pour les deux ans qui viennent), il y avait une semaine de vacances au tout début du mois d’octobre. J’en ai profité pour faire quelques heures de vol en Europe avec Air France, car j’aimerais conserver ma licence de pilote de ligne ! Rendez-vous en décembre.
Découvrez l’épisode 5 du journal de Thomas Pesquet.
Découvrez les autres épisodes du journal de Thomas Pesquet.
Commentaires