Au panthéon scandinave, Loki est le dieu de la discorde. Impulsif, il est capable de métamorphose. Julie Rathbun, du Planetary Science Institute, ne désavouerait pas le choix de ce nom pour désigner le plus grand volcan de Io, l’un des gros satellites de Jupiter. L’astronome américaine a pronostiqué le réveil de ce volcan géant dans le courant du mois, à l’occasion du colloque de planétologie européen EPSC, tenu mi-septembre à Genève. Elle l’observe depuis des années et a repéré que, depuis 2013, Loki atteint un maximum d’activité tous les 470 jours, ces éruptions durant 160 jours en moyenne.
Un lac de lave de 200 km
On sait depuis la mission Voyager 1 que Loki est un lac de lave de 200 km de diamètre. Après chaque épisode actif, la surface de ce lac se solidifie. À mesure qu’elle épaissit, elle devient plus lourde, si bien qu’elle finit par couler sous son propre poids. Dans sa phase liquide, la surface progresse de 1 km par jour. Elle forme alors un point chaud sur Io, bien visible par les télescopes professionnels. Celui-ci a notamment été observé depuis Hawaï avec les télescopes Keck. Lors du maximum d’activité de Loki, la température à sa surface est d’environ 1000°C. Il émet alors 15 % de la chaleur totale rayonnée par l’ensemble du satellite large de 3643 km, qui compte pourtant des centaines de volcans.
Du côté des astronomes amateurs, la détection reste difficile. Des variations d’activité dans la raie du sodium peuvent cependant être enregistrées en spectroscopie. En fait, Io éjecte de grandes quantités de gaz dans l’atmosphère de Jupiter. Elles ont été mises en évidence ces dernières années par le Planetary Science Institute à l’aide d’un coronographe et des filtres spéciaux montés sur un télescope amateur.
Quoi qu’il en soit, la prévision reste incertaine, car Loki n’est parfois pas plus fiable que son homonyme mythologique. Ainsi, après une activité cyclique de 540 jours identifiée entre 1988 et 2000, il avait connu une période calme dans la première décennie 2000.