Posé à la surface de Mars le 15 mai 2021, le rover chinois Zhurong a tardé à communiquer sa première image. Ce délai s’explique par le fait que la sonde Tianwen-1 est le seul relai de communication dont dispose la Chine pour dialoguer avec Zhurong. Or, l’orbiteur a effectué une manœuvre le 17 mai pour passer sur une orbite de 8,2 h afin de pouvoir communiquer plus fréquemment avec le rover. Ce n’est qu’à partir de là qu’une communication haute fréquence a pu être établie.
Une vaste plaine dégagée de tout obstacle
Cette première image montre la grande plaine d’Utopia Planitia. L’agence spatiale chinoise, la CNSA, a choisi un site d’atterrissage très peu accidenté pour ne pas accumuler les risques. Et à raison, puisque Zhurong s’est posé à 33 km du centre de la zone visée. Il se trouve en fait juste en bordure de l’ellipse nominale pour son atterrissage. Le rover devra rouler plusieurs kilomètres avant de rencontrer des régions intéressantes à étudier.
Une image issue d’une caméra de navigation
Cette première image historique en noir et blanc a été prise par une caméra grand angle destinée à détecter les obstacles. En raison du large champ de vision, l’image est déformée. Elle a été redressée par Thomas Appéré, habitué à retraiter les images de la Nasa.
Apparaissent en haut les deux antennes à basse fréquence destinées à sonder le sol de Mars et la fine rampe qui servira à Zhurong pour descendre de la plateforme d’atterrissage.
Une autre vue en couleur montre le rover lui-même. On peut voir que la moindre surface libre a été utilisée pour poser des panneaux solaires. On voit également l’antenne de communication pointée vers Tianwen-1.
Zhurong et Tianwen-1 se séparent
Enfin, deux nouvelles vidéos montrent le moment où Zhurong s’est détaché de Tianwen-1
La course vers la Lune en toile de fond
Cette réussite marque un tournant dans la compétition spatiale. En se posant sur Mars avec succès, la Chine a réussi là où les Soviétiques et les Européens ont échoué deux fois chacun — exception faite de la sonde soviétique Mars 3 en 1971 qui est parvenue à se poser, mais a été immédiatement prise dans une tempête de sable ; sa mission s’est achevée au bout de 20 minutes. C’est dire la difficulté de l’exploit technique. C’est donc la 2e puissance spatiale après les États-Unis à vraiment réussir le défi de l'atterrissage martien. En toile de fond se joue la compétition avec les États-Unis pour envoyer des astronautes vers la Lune, et à ce stade, personne ne peut dire qui l’emportera. Mais Pékin vient en tout cas de franchir une marche importante sur ce chemin.