Bennu se craquelle, et c’est le Soleil le responsable. Le phénomène, appelé fracturation thermique, a été détecté sur l’astéroïde grâce aux images de la sonde de la Nasa Osiris-Rex. « C’est la première fois que l’on observe des preuves de ce phénomène sur un objet sans atmosphère », affirme Jamie Molaro, chercheuse à l’Institut des sciences planétaires de Tuscon et auteure de l’étude qui recense la découverte publiée dans Nature Communication ce mardi 9 juin.
Les rochers de Bennu (dont certains sont gros) se fissurent à mesure qu’ils subissent de violents changements de température. La journée, le Soleil chauffe le sol de l’astéroïde à plus de 120°C, et lorsque la nuit tombe, la température chute jusqu’à parfois -70°C. Ces variations de grande amplitude causent une tension dans la roche qui se dilate au Soleil et se rétracte la nuit, ce qui forme des fissures qui augmentent lentement avec le temps.
Les scientifiques soupçonnaient déjà l'existence de ce processus d’usure sur les objets sans air comme Bennu à cause des changements de température qu’ils subissent. Mais avant qu’Osiris-Rex ne se rapproche suffisamment de Bennu, entre 1 et 5 km, les images n’étaient assez précises pour confirmer l’existence du processus. La sonde américaine a obtenu des photos sur lesquelles les plus petits détails visibles (les pixels) s’échelonnent de 0,9 à 6,3 cm.
Si la découverte confirme les hypothèses des scientifiques, elle leur complique aussi un peu les choses. Estimer l’âge d’un astre qui subit ce processus devient difficile, car la rapidité du phénomène dépend de multiples facteurs, tels la distance de l’objet au Soleil, la longueur de ses journées, ou encore la composition et la structure de ses roches.
Dater la surface d'un astre
Pour dater une surface planétaire, les astronomes se fondent sur son usure causée par d’autres processus tels que la pluie, l’activité chimique, l’activité sismique ou la collision avec des météorites. Mais Bennu, avec ses 500 m de diamètre et son absence d’atmosphère, ne s’use que par la fracturation thermique.
Il existe bien des cratères d’impact à sa surface. Mais les fissures responsables de l’érosion du sol et des roches ne sont pas reliées à ces événements. L’usure semble provenir exclusivement des changements de température sur le petit corps céleste. De là, l’équipe de chercheurs observe un phénomène d'exfoliation : de minces couches de 1 à 10 cm s’écaillent des roches.
Après avoir surpris l’éjection de particules depuis la surface de Bennu, Osiris-Rex a donc permis d’identifier un mode d’érosion efficace et pour le moins inattendu.
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