Qui a dit que l’on ne pouvait discerner aucun détail à la surface de Vénus ? L’astronome amateur Emmanuel Beaudoin, collaborateur régulier de Ciel & espace, a mis à profit le passage de cette planète à sa plus grande élongation pour la photographier au télescope avec un filtre UV. Résultat : il révèle de manière spectaculaire les structures nuageuses de Vénus. Ses deux images, prises à moins de 24 heures d’intervalle, sont d’autant plus étonnantes qu’elles ont été réalisées au foyer d’un télescope de Newton de seulement 207 mm de diamètre, depuis la région parisienne.
Le premier cliché, obtenu le 23 mars 2020, à 18 h 15. Le second date du lendemain, le 24 mars, à 17 h 30. Dans l’intervalle, l’aspect des nuages a changé. C’est dû à leur rotation rapide autour de la planète qui les conduit à boucler un tour complet en quatre jours. La planète, elle, perpétuellement cachée sous cette couche épaisse, tourne sur elle-même bien plus lentement, en 243 jours.
Le même type d’image a déjà été réalisé, notamment avec le télescope de 1 m du Pic du Midi. Compte tenu de la différence de site et de l’énorme écart de diamètre entre les deux télescopes, les photos d’Emmanuel Beaudoin constituent une performance.
Ce genre de clichés est possible avec l’emploi de filtres ultraviolets (UV) en face d’un capteur numérique. Pour les observations en visuel, à l’oculaire d’un télescope, un tel filtre n’a aucun effet car l’œil n’est pas sensible à cette longueur d’onde. On peut toutefois tenter le coup avec un filtre violet et espérer, dans des conditions de stabilité et de contraste très bonnes, apercevoir de vagues nuances à la surface nuageuse de Vénus.