Il restait une petite incertitude sur le décollage de la mission lunaire Artemis 1 vers la Lune, prévue le 16 novembre 2022, à partir de 7 h 04, heure française. Celle-ci tenait à des dommages observés au sommet de la fusée, au niveau d’un joint en silicone entre la tour d'abandon de mission et la capsule Orion. Elle a été levée rapidement lors d’une téléconférence donnée ce 15 novembre 2022, à 0 h 30 heure française : tout est prêt pour le lancement le 16 novembre, a indiqué Mike Sarafin, responsable des missions Artemis.

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L’inquiétude tenait essentiellement au fait que, pendant l’ascension de la fusée, des fragments du matériau isolant appelé RTV (Room Temperature Vulcanizer) risquaient de tomber et de venir percuter des parties de la fusée situées plus bas. En effet, sur une longueur de 3 m environ, le RTV, qui fait entièrement le tour de la capsule Orion, a en partie été arraché en minuscules morceaux de quelques millimètres d'épaisseur par les vents de l'ouragan Nicole.

Un dommage inaccessible, mais qui reste mineur

« Il y a eu une délamination, mais sur une épaisseur très faible, explique Philippe Berthe, de l’Agence spatiale européenne (ESA), responsable de coordination de l’European Service Module du vaisseau Orion. Le RTV est déposé en plusieurs couches et c’est la couche supérieure qui est partie. » La zone endommagée se trouve du côté est (vers l’océan Atlantique), au-dessus du propulseur à poudre droit. Elle se situe tout en haut de la fusée SLS (Space Launch System) et est inaccessible pour des réparations sur l’aire de lancement. Pour intervenir dessus, il faudrait renvoyer la fusée à son hall d'assemblage, le Vehicle Assembly Building, et repousser le lancement au moins jusqu'au 9 décembre 2022. Cette hypothèse a été écartée dans la mesure où le problème apparait comme mineur.

Pour expliquer en quoi le problème de RTV n'est pas rédhibitoire, Mike Sarafin a précisé que ce matériau — similaire aux joints en silicone que l’on utilise pour l’étanchéité d’une baignoire ou d’un bac de douche — est de faible densité. Les probables fragments qui vont s'en détacher lors du décollage seront de très petite taille. De plus, ils risquent surtout de percuter la partie la plus robuste de la fusée, de forme cônique, qui fait la jonction entre l’étage principal et l’étage supérieur (ICPS pour Interim Crynogenic Propulsion Stage). Par conséquent, Mike Sarafin s’est dit « confiant de voler comme cela ». Le risque est considéré comme acceptable.

Une autre incertitude concernait une connexion électrique dans le mât ombilical de queue (au bas de la fusée) qui a été abîmée par l'ouragan. Mike Sarafin reconnaît qu'il y a encore des anomalies sur cet élément mais étant donné qu'il existe une redondance, il est possible de procéder au lancement tout de même.

Le spectre de la fuite d'hydrogène

Avec une prévision météo favorable à 90%, la mission lunaire Artemis 1 est donc parée pour son lancement. Le décompte est en cours sur la grande horloge du centre spatial Kennedy et la prochaine étape se joue le 15 novembre, aux alentours de 16 h (minuit en France). C'est là que les responsables du vol vont décider ou non de commencer les délicates opérations de remplissage des réservoirs. Malgré un joint de déconnexion rapide tout neuf (il a été changé dans le VAB après le rapatriement imposé par l'ouragan Ian), cette phase leur donne toujours des sueurs froides.

Mike Sarafin l’a reconnu lors de la téléconférence. La cause de la fuite d’hydrogène n'a jamais été clairement identifiée. Par précaution, le joint sur lequel une entaille avait été repérée a été remplacé. Jeremy Parson, responsable du segment sol d’Artemis, a également avoué que c'était le remplissage de l'hydrogène qui l'inquiétait le plus. Toutefois, les deux hommes se sont dit plus confiants qu'auparavant en raison de l'expérience acquise lors des tentatives de lancement précédentes.

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Lancement à suivre en direct le 16 novembre 2022 au matin

La fenêtre de tir d’Artemis 1 s'ouvre le 16 novembre 2022, à 1 h 04 en Floride, soit 7 h 04 en France. Elle dure 2 h, ce qui signifie que le décollage peut avoir lieu jusqu'à 3 h 04 (9 h 04 en France). Il faut un peu plus de 8 minutes pour que le vaisseau Orion arrive en orbite autour de la Terre. Et 1 h 29 min après l'instant du décollage, le moteur de l’ICPS produira son effort de 18 minutes pour l'expédier sur la trajectoire d'échappement vers la Lune.

Ciel & espace vous fera vivre les instants du décollage en direct, depuis cap Canaveral, à la fois en retransmettant les images de la Nasa et avec ses propres images. Ce direct simultanément sur YouTube, Facebook et Twitch commencera à 5 h 45 du matin, sera animé en France par Guillaume Langin et David Fossé et commenté depuis le Kennedy Space Center par Philippe Henarejos et Émilie Martin.

En cas de report après remplissage, même partiel, des réservoirs, la tentative suivante serait le 19 novembre 2022, puis le 25 novembre.